lundi 1 juin 2020

[Conseils Non Sollicités] Conseil 4 : Apprendre a avoir une démarche plus scientifique.

Conseil 4 : Apprendre a avoir une démarche plus scientifique.

Déjà, pour entamer ce conseil, on va définir parce que j'entend en parlant de démarche scientifique ; pour moi, dont le travail est intrinsèquement lié à cette méthodologie, c'est évident. Mais j'ai bien conscience que c'est loin d’être le cas pour d'autres et je dirais même que beaucoup pensent, sciemment ou non, qu'ils ont une démarche comparable alors que fondamentalement, ils ne l'ont pas. La démarche scientifique, bien sur, c'est dans l'idée fonctionner comme un scientifique et la croyance répandue c'est qu'un scientifique fais des recherches, et prouve qu'il sait, qu'il a trouvé une représentation du réel adéquate, etc... Donc, concrètement, qu'il valide ses théories par un travail acharné, souvent très long, à force d'observations, d’expériences.

Cette représentation est simplement totalement et complètement fausse. 

Enfin, dans la majorité des cas des métiers relevant de la méthodologie scientifique : coucou la médecine, toi qui fait bande à part (pour des raisons logiques visant à trouver des remèdes, ils tentent plus de prouver qu'ils ont raisons plutôt que tort)s. Le métier d'accro à la recherche, c'est probablement le métier le plus frustrant du monde, le moins gratifiant et cela pour une raison simple : son fonctionnement. Etre scientifique, c'est, début à la fin de notre carrière mais aussi de celles de vos collègues, tenter de prouver que vous avez tort, que vos camarades ont torts. Toute votre vie. C'est assez contre intuitif, je le sais, de se dire que ceux qui augmentent nos connaissances en tant qu’espèce sont en fait en train de passer tout leur temps à démonter ce qu'ils trouvent, ce que leurs collègues trouvent, ceux que leurs prédécesseurs ont trouvés. 


Une métaphore adéquate serait celle d'un enfant, armé d'un marteau, qui a des piques, recouverts d'acides en plus, auquel vous donnez un jouet en lui demandant de le détruire. Voila, je viens de casser mon amour propre quant à ma profession et celle de mes camarades, mais c'est pourtant une image relativement adéquate. Bien entendu, le travail scientifique ne s’arrête pas là : après avoir tenté de casser le jouet, il y a deux possibilités. Premier cas : le jouet est cassé. C'est simple, la théorie n'est pas validée, c'est donc une mauvaise représentation du réel, on passe à un autre jouet. Second cas, le jouet n'est pas cassé. Alors, à ce moment là, à défaut, on accepte que cette théorie, pour le moment, reflète au mieux le réel. Mais on continue de taper sur le jouet. Encore et encore et encore. Et en fait, on va continuer à tenter de prouver qu'on a tort jusqu’à la fin de notre vie. Même, masochiste que nous sommes, on prête notre jouet à un autre enfant, armé de son propre marteau, à qui ont demande aussi de taper sur le jouet de toutes ses forces. 

Maintenant que nous avons mit au clair ce que j'entendais par démarche scientifique, passons au conseil. Apprenons a avoir une démarche comparable, dans notre vie de tous les jours, c'est à l'instar de ma profession, toujours creuser plus loin nos propres théories comme celles des autres. Car après tout, nos visions politiques, nos convictions sur la morale ou plus simplement toutes nos valeurs sont fondamentalement une représentation de notre réel, de ce que l'on estime être le réel, ou qu'on aimerait voir être réel. Ce sont, à leurs manières, des théories sur ce qui est idéal, important, etc... Et bien souvent, un certain nombre de personne ne se rend pas compte du caractère non universel de ces valeurs, ce qui est logique puisque c'est le prisme par lequel elles voient le monde. Prenons le cas d'un mot, au choix, le bleu : si pour vous, le bleu est la couleur bleu, mais que vous rencontrez une personne dont le bleu est en fait la couleur rouge, vous aurez du mal à vous comprendre, à vous mettre à sa place parce que pour vous, la couleur bleu est bleu, voyons ! C'est d'ailleurs pour pouvoir faire cet exercice qu'il est aussi important de comprendre autrui, je rappel mon conseil précédant, celui d’être moins susceptible : prenons le temps de réellement comprendre ce qu'on nous dis, le message réel émis avec ses références et non pas ce que nous nous entendons. 


Appliquer une méthode scientifique dans nos interactions de tous les jours a un intérêt profond : celui de nous permettre de mieux nous défendre d'une part mais aussi de mieux nous comprendre nous même et nos valeurs. En réalisant ce travail de sape sur nos propres réflexions, mais aussi sur celles des autres, on en comprend mieux les tenants et les aboutissants. Cela nous permet par exemple, en entreprise comme dans la vie de tous les jours, de mieux faire valoir nos points de vue, de rallier les autres à notre vision. Il y a un dicton qui est qu'on s’élève dans l'adversité ; en se poussant seuls dans nos retranchements, on peut réaliser un manifeste de nos idées, de nos valeurs. 

Pour prendre un cas concret, je vais illustrer avec une expérience de mon début de carrière : j’étais au sein d'une structure de grande distribution chargé d'analyser cette dernière, de recommander des améliorations éventuelles sur la structure et d'isoler le prochain chef d'un service parmi les membres actuels de l’équipe ou proposer un recrutement si personne ne convenait. Sur de moi, après tout, j’étais l'expert dans ce domaine au sein de l'entreprise, je fais mes recommandations après avoir analysé le terrain et reçu en entretien tous les employés, pendant plusieurs semaines ; j'isole des facteurs freinant l'activité et la performance de l’équipe et propose en conséquence des améliorations. Et je donne ce rapport au directeur, me doutant que tout ne serait pas accepté, mais me disant qu'au moins une partie le sera. Je reçois un appel de ce dernier, qui me dit directement, et pendant plus de 1h30, que concrètement, je suis un jeune crétin, que je n'ai rien compris à rien et surtout que rien ne sera mis en place. 

Vous vous doutez bien que je suis rester assez interdit devant ce déballage, ne sachant comment réagir. Quelques tentatives pour expliquer en quoi mon analyse tenait, se tenait et pourquoi il fallait absolument tenter de mettre quelque chose en place n'ont été que maladroites et aussitôt repoussées. Pourquoi ? Simplement parce que même avec les meilleures raisons, justes (en tout cas, même avec le recul, mes propositions et recommandations me semblent toujours justifiées et adaptées), je n'ai pas prit le temps de me mettre dans la position d'attaque de ce raisonnement. Je n'ai pas préparé réellement mon bilan à une confrontation : je suis parti du principe qu'en tant qu'expert, mon travail serait perçu pour ce qu'il était et non pas qu'il serait réfuté. Aussi, je n'avais pas d'argumentaire prêt pour contrer une quelconque attaque dessus. Présomptueux à souhait. 



Cette leçon, je ne suis pas prêt de l'oublier. C’était une de mes premiers missions en tant que psychologue du travail : autant vous dire que l’expérience est restée indélébile. De plus, les conséquences de mon échec, car s'en est un, à n'en pas douter, sont là : durant l'année qui a suivie, plusieurs collaborateurs ont quittés la structure. Plus d'un an après, seulement 1/3 des employés étaient encore les mêmes que ceux que j'avais rencontrés ; les personnes ayant précédemment travaillés dans la structure qu'il m'arrive de rencontrer me disent tous leurs frustrations des derniers mois passés au sein de la structure, de l’état du management, de problèmes que j'avais signalé. Bien sur, je ne suis pas le responsable direct de non changement de la politique délétère ayant court dans la structure ; pour autant, la question me taraude toujours : si j'avais anticipé, si j'avais appliqué la méthodologie scientifique sur ma transmission de donnée, j'aurais potentiellement anticipé certaines des remarques, certains des obstacles. D'ailleurs, aujourd'hui, je vois parfaitement sur quels axes j'aurais eut à insister, à mettre en avant pour que l'information soit reçue et acceptée.

Mon conseil est donc de ne pas produire cette même erreur : anticipez, en ayant une démarche scientifique, aussi bien dans votre vie professionnelle que dans votre vie personnelle. Mettez vous même en difficulté vos raisonnements, cherchez leurs failles, tapez dessus sans relâches ! Il n'y a qu'ainsi que vous pourrez pleinement développer votre raisonnement, trouver ce qui le justifie réellement, les valeurs centrales le soutenant. Il n'y a qu'ainsi que vous comprendrez réellement le fond de vos propres pensées, de votre positionnement politique, éthique, humain. Apprenons a avoir une démarche plus scientifique, à douter, à remettre en question pour bâtir plus solidement nos croyances, nos réflexions, nos conclusions !

mardi 19 mai 2020

[Alt-Tab] La prochaine étape de l'évolution

“La mutation : c'est la clé de notre évolution. C'est elle qui nous a mené de l'état de simple cellule à l'espèce dominante sur notre planète. Le processus est long et remonte à la nuit des temps, mais tous les deux ou trois cent mille ans, l'évolution fait un bond en avant.”

                    - Professeur Charles Xavier -



Ce que le professeur Xavier ne prend pas en compte dans sa démonstration, c'est que pour qu'il y ait mutation, il faut nécessairement le besoin de s'adapter. Or l'espèce humaine a décidé de changer l'ordre naturel des choses en faisant tout pour que ce soit l'environnement qui s'adapte à elle plutôt que l'inverse, avec tous les soucis que cela implique. Il est peut-être temps de revenir aux fondamentaux, de retrouver un fonctionnement plus naturel.


Voilà 12000 ans que l’Homme a commencé à domestiquer la nature et les premiers problèmes sont apparus. Conditions de vie dégradées par un travail difficile, apparition de nombreuses maladies dues à l’élevage, parmi lesquelles la variole, la peste ou la grippe qui sont encore aujourd’hui parmi les premières causes de mortalité à l’échelle mondiale, sans parler des plantes cultivées et des animaux domestiqués devenus dépendants de nos soins. Certes, cette transition a plus été une nécessité qu’un choix, mais force est de constater qu’avec l’apparition du stockage de ressources est aussi apparu le concept de pouvoir social, concept qui s’est amplifié avec l’exploitation des métaux, le cuivre dans un premier temps, puis le fer, qui sont devenus des marqueurs sociaux forts et qui ont agrandi le fossé social entre deux classes. Puis vint la révolution industrielle, une accélération technique qui rend tout disponible pour l’exploitation humaine et qui scelle les chaînes de l’asservissement de la nature. 




Aujourd'hui, je me sens à mi-chemin entre le professeur Xavier, prêt à faire des concessions pour cohabiter en paix avec les humains, et Magneto qui a perdu toute confiance en l'humain lambda et qui veut que les mutants deviennent l'avenir de l'humanité. Les mutants de notre monde sont quelque peu différents, mais la relation qui s’est créée entre les classes dominantes et les autonomistes, survivalistes, zadistes et consort ressemble beaucoup à cette croisade anti-mutants. D’un côté, une promotion de la “normalité” mettant en avant la concurrence, la globalisation et la consommation. De l’autre, une tentative de faire les choses autrement, de repenser les modèles sociaux et économiques à des échelles plus humaines. Il est normal d’avoir peur du changement, en particulier lorsque des concepts qui semblent passés de longue date servent de socle. Pourtant, observer ces concepts à travers le prisme de nos valeurs actuelles n’a pas de sens. Mais c’est un sujet qui mériterait son propre article.


Pour certains, la solution se trouve dans la révolution et la résistance. J’ai longtemps fait partie de ceux-là. Pourtant, aujourd’hui, ces deux mots me posent problème sous certains aspects. La révolution, d’abord. Là où, pour moi, ce terme évoquait un changement radical de modèle, j’y vois maintenant un perpétuel recommencement, à toujours attraper la queue du mickey pour refaire des tours du même manège, inlassablement, sans jamais sortir de la boucle. Je lui préfère donc le terme d’évolution qui souligne un véritable changement de paradigme pour amener à quelque chose de nouveau et de plus adapté. De la même manière, la résistance à perdu de son intérêt à mes yeux, parce qu’une résistance a un seuil de tolérance qui, une fois dépassée, la brise. Je lui préfère maintenant le terme de résilience qui, au-delà de résister à des pressions sociales, pousse à observer son environnement pour s’y adapter au fur et à mesure des obstacles rencontrés en les intégrant dans le processus. En d’autres termes, il s’agit de réfléchir à ce qui nous est arrivé pour en tirer des enseignements qui nous permettront d’évoluer vers un modèle adapté.




Evolution et résilience, donc. Voilà deux concepts qui étaient très en vogue chez nos ancêtres, les chasseurs cueilleurs. Loin de moi l’idée d’une régression à ce stade - bien que je ne considèrerai pas ça comme une régression - mais de s’en inspirer dans les grandes lignes en y intégrant les connaissances techniques accumulées depuis. Le but n’est pas de survivre dans la précarité mais d’apprendre et de comprendre qu’on peut vivre confortablement et heureux avec moins. Comprendre que notre ridicule petite vie sur ce bout de caillou bleu dépend du respect que nous avons pour lui. Comprendre que l’homo économicus a fait son temps et qu’il doit laisser la place à l’homo résilientis. Ce dernier est prêt à rattraper les excès faits par le passé, pour peu qu’on lui en donne l’opportunité. 



“L”avenir, c’est nous, Charles, ce n’est pas eux. Eux ne comptent déjà plus.”

                                                            - Erik Lehnsherr alias Magneto -


mercredi 13 mai 2020

[Conseils Non Sollicités] Le Conseil 3 : Soyons moins susceptibles !

Conseil 3 : Soyons moins susceptibles !

Qu'est-ce que j'entend par là ? Très régulièrement, dans ma vie en général comme en entreprises, j'ai pu voir des conflits émerger, prendre des proportions immenses, au point de paralyser des équipes, des groupes d'amis, voir une structure, alors que le problème initial c'est simplement qu'une à plusieurs personnes ont réceptionné un message auquel ils ont accolé un message supplémentaire, issue non pas du locuteur en face d'eux mais au contraire issue de leurs propres émotions, de leurs propres visions du monde. Par message, je sous entend les conversations, comme les commentaires sous des articles sur les réseaux sociaux, ou encore un mail reçu en entreprise : en bref, tout ce qui recèle une information qu'on vous transmet de quelques manière que ce soit.


Un cas concret (anonymisé et évasif pour ne donner aucunes informations permettant de déterminer le cas en question, bien sûr), vécu dans une structure où j'intervenais : un des supérieurs a demandé à un de ses subordonnés de réaliser une tâche. Ce subordonné a pris de travers cette demande, estimant que c’était une attaque sur sa personne et ses capacités. J'avoue que personnellement, j'ai trouvé la formulation du supérieur bancale, trop ouverte et sujette à l’interprétation dans un contexte où la structure connaît déjà des problématiques relationnelles, mais pour avoir assez bien observé cette équipe, pendant des semaines en l’occurrence, et notamment réalisé des entretiens avec les différents membres de l’équipe, je sais que ce supérieur pense plutôt du bon de ce subordonné, les évaluations qu'il remonte à sa hiérarchie sont mêmes positives et valorisantes.

Pourquoi l'employé a mal prit cette demande ? Simplement parce qu'il lui est arrivé de se tromper sur des tâches similaires, lui faisant perdre un peu sa confiance en lui-même et que la formulation de la phrase n’était pas parfaite comme je l'ai indiqué. Mais même si elle l’était, le message pouvait être mal compris ; simplement parce que malgré ses qualités, l'interlocuteur n'a pas su séparer le message reçu de ses émotions. En situation professionnelle, cela peut dégénérer dans des proportions incroyables ; il en va de même dans votre vie quotidienne, avec vos proches. Imaginez alors dans les cas où le message est relayé par d'autres individus, par exemple, en entreprise, différent échelon hiérarchique ? Rajoutez également les biais dut à un contexte d'émission du message, ou de réception, particulier : vous ne comprendrez pas un même message de la même manière que vous le receviez au boulot ou en pleine fête ! Et pour faire bonne mesure, un troisième point : les définitions des termes, que j'ai déjà évoqué dans mon premier post d'introduction à ce concept de conseils non sollicités. Si vous avez deux interlocuteurs, mais que les deux ne mettent pas le même sens derrière un même mot, vous courez droit dans le mur pour ce qui est de la compréhension.

Illustration non exhaustive des biais de communication (Merci beaucoup à Tabernak pour l'infographie!)

Un autre cas concret que je peux partager est très récent : un retour qu'un de mes proches m'a fait sur mon premier post sur cette page. Ce proche m'a ainsi indiqué qu'il s'est senti pris de haut par mon post, qu'il était trop arrogant, qu'on me voyait comme un enseignant reprenant ses élèves indisciplinés. A contrario, un autre de mes proches m'a indiqué qu'il était très satisfait de voir les mesures que je prenais dans ce même post pour ne pas m'engager, pour ne pas me montrer arrogant, pour respecter les avis de tous, y compris de ceux qui ne partage pas mon point de vue. Pourtant, le message initial était le même, malgré les deux manières de le percevoir qui ne dépendent que d'une seule chose : les affects respectifs des deux lecteurs.

Il est primordial de pouvoir séparer les deux, de recevoir le message sans y accoler nos propres affects, nos propres définitions, notre propre contexte, de le prendre pour ce qu'il est ; cela ne veut pas dire de ce message qu'il est bon, parfait, irréprochable, ni qu'il ne faut pas le remettre en question. Il peut être tout à fait inadapté, violent, injurieux, condamnable. Mon conseil, c'est seulement de prendre un message pour ce qu'il est, ni plus, ni moins mais aussi d'essayer de faire preuve d'introspection au moment où on le reçoit et d'identifier clairement ce qu'il transmet, pas plus, pas moins. Tout en, dans le cas où on ressent une émotion quelconque, prenant le temps de faire son enquête sur soi même pour trouver la véritable origine de cette émotion. Enfin, de ne pas hésiter de remonter à la source initiale, de lui demander ce qu'elle entend par tel ou tel terme ; bref de construire une forme de langage commun et partagé, sans intermédiaire. Et je précise pour les petits malins que par langage, je ne dis pas langue ; on peut parler la même langue et pourtant ne pas parler le même langage. Je suis ainsi relativement certain de parler la même langue que notre président, par exemple, mais pas le même langage : ce que j'entend par priorité absolue pour mes concitoyens n'est certainement pas la même chose qu'il entend en disant pourtant les mêmes mots ! Je me permet de préciser que je ne parle pas de fond idéologique, simplement que nous sommes deux individus totalement différents, dans des contextes et problématiques totalement différentes également, forçant de fait à ne pas partager forcement les mêmes définitions.

Le prochain conseil sera en relation avec ce post, mais je ne vous dit pas quand je vous le donnerais ; en attendant chers lecteurs, prenez le temps de détacher des messages que vous recevez tout ce qui ne lui appartient pas intrinsèquement, pour mieux vous comprendre vous même et mieux comprendre les autres. Apprenons tous autant que nous sommes à faire preuve de plus de recul dans nos échanges !

lundi 4 mai 2020

[Conseils Non Sollicités] Les Conseils 1 et 2 : Il faut savoir se taire et il faut accepter d'avoir tort.

Conseils 1 et 2 : Il faut savoir se taire et il faut accepter d'avoir tort.

Qu'est-ce que je sous entend par là ? Il faut entamer sur pourquoi je fais cette page, pour comprendre exactement la portée de mon conseil qui est pourtant simple : je fais cette page parce que trop souvent, je vois des personnes avancer des propos, irréfléchis et qui par la suite vont se fâcher, s’engueuler franchement, s'envoyer du maroilles au visage (et c'est dommage de gâcher du fromage) pour finalement finir, sous couvert de propos différés, généralement bien longtemps après, à quelqu'un d'autre que la personne avec laquelle ils se sont prit la tête, qu'au fond, quand même, ils avaient un peu abusé sur le moment, à l'époque. Ils sont pas à dire qu'ils avaient torts non plus, généralement, mais quand même, ils avouent ne pas avoir eut raison. Et je fais cette page, parce qu'aujourd'hui encore, j'ai vu des gens échanger des informations douteuses, des articles infondés, faux, carrément construit de manière à tromper, se basant sur des faits inexistants, des rumeurs ; j'ai lut des gens s'échanger des propos plus que limites, haineux, pleins de colères mais aussi parfois de souffrance.

Dans le cas des réseaux sociaux, c'est encore plus parlant : on voit une publication, on la partage, on passe à autre chose, puis on apprend qu'on a partagé une connerie, au choix, que les américains pensent en majorité que le lait chocolaté sort de vaches marrons (coucou, Hacking Social : https://youtu.be/nQ3aaPaHCB4).


Et pourquoi ? Parce qu'on n'a pas prit le temps de se taire ; autrement dit, de lire réellement le contenu, d'avoir pesé notre réflexion, d'avoir chercher les faiblesses de l'article, de notre réflexion, de notre possible action, etc... Ce que je cherche à dire, par savoir se taire, c'est non pas ne jamais l'ouvrir, mais ne jamais le faire sans y avoir réfléchis un minimum. Un fameux adage est connu : tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler (c'est signé Captain Torv, le maître des adages tout prêt et qu'il ne respecte évidemment pas lui même.). Il en va de même de ce qu'on lis sur le net, et qu'on partage tout aussi direct. Il faut apprendre à prendre son temps, à réfléchir un peu plus avant de répandre les informations, surtout sur la place publique.

Savoir se taire, c'est primordial pour apprendre à mieux parler, à mieux communiquer. En prenant le temps de vérifier l'information, de remonter la source, on évite de propager des âneries, c'est déjà bien. Dans le cas de nos propos, on prend le temps aussi de s'assurer que notre réflexion se base bien sur des bases solides, éventuellement, pour des sujets qui nous tiennent à cœur, de partager ce point de vue et d'y faire adhérer d'autres personnes ! On prend aussi le temps de s’assurer que cela correspond bien à nos valeurs, et pas seulement en surface. On met alors en avant des choses auxquelles on tient, auxquelles on adhère, qu'on est prêt à défendre réellement et efficacement dans un débat. Accessoirement cela nous évite aussi l’inconfort d’être mis devant le fait accomplis qu’on a eut tort et qu’on passe auprès de certains pour un imbécile ; c’est toujours bon pour notre ego et notre amour propre.


Ensuite, savoir reconnaître qu'on a tort, c'est quand on a partagé notre vision, notre article rare, notre réflexion, notre maroilles, et que malheureusement, on se rend compte que c’était une bêtise. Que ce soit parce qu'au final on aurait préféré garder cette information privée, que le contenu était faux, qu'on a revu notre jugement, que le facteur n’apprécie pas de recevoir un maroilles en pleine figure à 8 heure du matin, peut importe : si on sent qu'on a eut tort, si on sent qu'on adhère plus à ce propos, il faut l'accepter. Personne n'est infaillible, personne n'est omniscient, personne n'est immuable. Il faut savoir accepter qu'on évolue, qu'on a eut tort, qu'on y accroche plus autant d'importance qu'avant : c'est ça aussi d’être vivant, d’être un être sentient. Nos pensées, nos convictions ne sont pas gravées dans la roche et c'est loin d’être un mal ; de fait, c'est même inévitable : vous n’êtes plus qui vous étiez à vos 5 ans, et vous n’êtes pas ce que vous serez à vos 55 ans (sauf si vous avez actuellement 5 ou 55 ans. Le plus probable étant 55 ans si vous me lisez.).


A contrario, ne pas l’accepter, ne pas le reconnaître, va générer des tensions, des frustrations, potentiellement avec votre entourage. Vous allez stagner, sentir que vous perdez pieds. Et surtout, votre certain n’accepte pas les contradictions, il les déteste. Alors préparez vous, si vous n’acceptez pas de reconnaître vos torts à voir ce dernier vous punir de manière plus ou moins direct ; vous pouvez ne pas en avoir conscience, mais votre esprit est d’une grande complexité et perçoit des choses que votre attention ne voit pas. Pour autant, votre cerveau l’a vu, catégorisé, rangé. Acceptez le, vous le vivrez mieux, car dans tous les cas, vous le vivrez : de force ou a votre gré, c’est à vous de choisir.
Lecteurs, sachez donc vous taire, pour mieux communiquer et sachez reconnaître que vous avez tort, pour mieux avancer par la suite.

jeudi 30 avril 2020

[Conseils Non Sollicités] Présentation du Concept


Bonjour, bonsoir,

bienvenue sur un nouveau concept sur le blog; ce dernier a pour but de vous donner des conseils, que vous les vouliez ou non, sur différents sujets. Mon premier post va donc brièvement vous présenter le concept, son nom et mon profil : après tout, quitte à recevoir des conseils non sollicités, autant savoir d'où ils proviennent. Et j'aurais une seule et unique demande à vous formuler, si vous me lisez : prenez le temps d'accepter mes définitions des termes. Pas que ces dernières soient universelles, mais juste que je rédige ces conseils sur la base de ces définitions. Y accoler la votre, quand bien même cette dernière serait du point de vue du dictionnaire plus adéquate par exemple, serait plus que contre-productif. Je ne vous dis pas de changer votre définition, juste de prendre en compte qu'elle n'est pas forcément la mienne ; en dehors de mes conseils, gardez les vôtres si elles différents. Sauf si la mienne convient mieux... Si vous le souhaitez !


Le concept est donc, comme indiqué, de vous fournir des conseils, sur différents sujets, probablement d'actualité mais pas que ! Ils seront ce qu'ils sont, des conseils, non des jugements, des recommandations, non des obligations. Vous êtes des individus, pensez par vous même ; moi je me contente de vous donner des points de vue qui seront éventuellement différents de ce que vous voyez passer dans votre fil d'actualité, dans votre entourage. Mais peut être pas. Ils seront peut être d'une grande banalité, mais peut être inhabituels au possible.

Le nom est donc le suivant : les conseils non sollicités d'un adolescent de 27 ans. La première partie, je pense que vous l'avez ; pour la seconde je vous explique mon point de vue : j'ai 27 ans, mais je ne me considère pas comme un adulte. En effet, pour moi ce dernier terme est assimilé à un état d'esprit qui, je trouve, ne me correspond guère, à savoir celui d'individus persuadés qu'ils ont raisons, parce qu'ils sont adultes, que les jeunes ou les vieux ne savent pas vraiment, ou ne savent plus, qu'ils verront avec l’expérience ou que leurs références sont trop datées. Ni voyez pas de ma part une vision purement négative des adultes ni que c’est un état de fait, que tous les adultes ou personnes se présentant comme adultes correspondent à cette image ; c'est un peu plus complexe que cela. Mais néanmoins, c’est pour ces aspects là spécifiquement, que j'accole personnellement à ce terme, que je préfère celui d'adolescent, qui est pour moi référence à la passion, à la fougue, à la soif de découvrir, la curiosité, l'envie de soulever des montagnes quand je vois des choses qui sont contraires à mes valeurs. Mais aussi à la conscience que je suis au début du chemin, qu'il y a une foule de chose que je ne sais pas, que je dois apprendre, découvrir, etc… Encore une fois, c’est une définition parmi d’autres, mais celle que j’ai choisi pour illustrer le concept de ma page ; ce n’est pas une définition qui est universelle, c’est simplement un choix.


Enfin, mon profil : je suis psychologue social du travail, issue d'une formation en psychologie (Licence et Master) axée sur ce domaine; c'est logique jusque là. Je suis passé par des établissements privés, publics et associatifs. Dans la grande distribution, le médical, la reconversion du travail, le retour à l'emploi. Sur des thématiques de gestions des risques, de prévention de ces derniers mais aussi d'organisations du travail, d'amélioration de ces dernières ou encore de communications internes et externes. En dehors de ça, mes centres d’intérêts vont de la lecture aux jeux de rôle papier entre amis en passant par les jeux de stratégies gestions. J'anime régulièrement des parties, spécifiquement dans un snack / bar à jeux situé à Saint Maximin la Sainte Baume, dans le Var (vous y les êtes bienvenus).

Bien, sur ce, c'est un long pavé. A la prochaine, pour le premier conseil non sollicité !

dimanche 18 août 2019

[Critique] Nous sommes Légion : nous sommes Bob - Dennis E. Taylor

Oui, je suis en vie. Et oui, comme à mon habitude, je ne commence pas la critique par la critique. La base, non ? Bien le bonjour, ami lecteur. L'attente ne fut pas trop longue, cette fois-ci, j’espère ? Je suis heureux de te voir présent ! Non, ne me parle pas de ces chaînes, je vois dans tes yeux que même sans elles tu serais là. Non, je ne les enlèverai pas, je les trouve esthétiques sur toi. Puis imagine, si je te les enlève, tu pourrais fuir. Allons, arrête de pleurer, parlons plutôt livre ! Bon, pour un rapide petit point, avant d’enchaîner sur l'article en lui-même, j'ai enfin fini mes études supérieures, ce fut une purge monumentale pour diverses raisons, je déteste un peu plus le genre humain, surtout les individus de mon âge, je suis toujours en recherche d'emploi, ma santé est stable malgré ma maladie et enfin, le plus important, je me suis marié il y a peu. Voilà, maintenant qu'on a mis de côté les raisons de mon absence de ces deux derniers années sur le présent blog, ainsi que le point "vie actuelle", on peut entamer notre critique littéraire.

Non, ce ne sont pas des stormtroopers.

Bon, allez, lecteur, prends place dans le fond du siège, pose-toi, installe-toi tranquillement, parce qu'on va parler de Bob est les Bob. Non, ce n'est pas une faute de frappe, ni d'écriture. Nous Sommes Légion : Nous Sommes Bob, c'est une dystopie de notre futur proche (et au cours du récit, moins proche), qui commence aux Etats-Unis. Bob Johansson, joyeux bonhomme qui vient de revendre son entreprise à prix d'or, profite de sa fortune récente pour assister à une convention de science-fiction, offrir la balade à ses ex-employés, leur offrir un bon restaurant, signer un contrat de cryogénisation en cas de décès. Rien que de très commun, en soi. Enfin, pour le côté congélateur, il faut préciser que le contrat stipule bien qu'ils ne gardent que la tête. Le reste est estimé superflu, car quand ils auront les connaissances pour ranimer et redonner vie à un cadavre ils devraient selon l'entreprise être capables également de reconstruire le reste du corps. Donc, pour parler concret, le petit Bob, il a signé un contrat pour se faire décapiter et congeler. Rien que du très normal, je vous le dis ! Rien ne peut tourner mal...

Vous le sentez venir, hein ?


Evidemment, les choses se passent mal : après le restaurant, se dirigeant vers la suite de la convention, un automobiliste ne regardant pas au bon endroit le percute et c'est le décès ! Bob décroche le gros lot, il a eu le temps de signer le contrat le matin même. Sans transition, il se réveille dans un endroit noir, sans avoir vu passer le temps. Noir, mais également sans aucune sensation. En fait, à part son esprit, il ne lui semble pas avoir grand chose d'autre, le Bobby. Ah, si, voilà qu'il arrive à voir. En face de lui, un étrange bonhomme, copie conforme de Freud. Oui, moi aussi j'aurais voulu refermer les yeux et repartir dans le noir. Mais Bob, il ne peut pas. Du coup, l'homme rationnel prend le dessus et il va pour se renseigner ; il apprend ainsi qu'il est un bien, une propriété d'un pays magnifique, FAITH. Qu'est-ce que c'est que ça me direz-vous ? Et bien, c'est le futur des Etats-Unis, remplacé par une théocratie totalitaire. L'Etat, sous contrôle de la religion pour faire simple. Et c'est bien sûr la religion Chrétienne qui a pris le pays sous sa coupe. Aussi, les règles ont un peu changé. Voire beaucoup. Et il a pas fallu tellement de temps puisque seulement un peu plus de 100 ans se sont passés depuis sa mort. Outre un amour pour Dieu un peu trop présent, une absence de liberté flagrante, des camps de rééducation, FAITH aime mettre en avant des sigles foireux, des acronymes plus ou moins élaborés : c'est déjà évident pour leur nom qui signifie en fait Free American Independent Theocratic Hegemony. Il y a également les IA, plus ou moins avancées, qui portent le doux nom de AMI (Artificial Machine Intelligence), des vaisseaux spatiaux qui se nomment HEAVEN (Habitable Earths Abiogenic Vessel Exploration Network), et j'en passe. 
Celui-là je l'ai pas vu dans la trilogie. Je suis déçu.

Sinon, concernant le futur, comme déjà évoqué, il est moche. Pour faire simple, tous les pays sont en guerre froide et le spectre d'une troisième guerre mondiale plane au dessus de tout ça. Un élément à noter étant que les différents pays de notre époque se sont regroupés en des entités plus grosses, équivalentes aux Etats-Unis actuels. A la différence que pour l’Amérique du sud, c'est devenu l'Empire Brésilien. Une petite nation militariste et impérialiste, qui vise à prendre le contrôle du reste du monde. Et de l'espace. Parce que oui, le point central à tout ça, au fait que des cathos intégristes américains ont réveillé Bob, sous forme d'un ordinateur, c'est la conquête de l'espace. FAITH veut transformer Bob, ou un autre des sujets de l’expérience, en sonde d'exploration spatiale. Rien que ça, Billy. Du coup, le pays s'est lancé dans la production de différents projets, mais c'est difficile de créer une IA de toute pièce, alors bon, comme ils avaient des bâtons de surimi au congélo, autant les utiliser pour leur projet de frigo de l'espace autant répliquant. J'ai oublié de vous le dire ? Ils ont effectivement prévu de faire de Bob, ou de celui qui "gagnera" le concours du meilleur esclave moderne, une machine ayant la capacité de se répliquer, virtuellement à l'infini, à travers la galaxie afin de garantir un maximum de nouveau foyer pour l'humanité. Enfin, surtout de foyer pour FAITH. Ah, j'ai oublié un détail : Bob est un athée convaincu. 

Mais oui les mecs, c'est la meilleure idée.


J’arrêterai là les spoils. Il faut savoir ne pas abuser des bonnes choses ! Je dirais aussi simplement que rapidement, Bob se retrouve dans l'espace, sous forme d'un gros vaisseau, qui va se balader de système stellaire en système stellaire tout en faisant d'autres copies de lui-même qui porteront chacune une ribambelle de noms : Bill, Striker, Homer, Icare, etc... Maintenant, entamons ce que j’en pense, ce que j’ai compris ou crois comprendre de l’objectif de l’auteur. Car oui, on m’a demandé de préciser que ce n’était que mon point de vue, pas celui de Jean-Michel, le tenancier du bar à côté. Du coup, si ça se trouve, je vous dis des stupidités qui sont à mille lieues de ce que voulait avancer Dennis (ou Denis, à la française, avec un bon accent du patois) ; mais faute de mieux vous ferez avec, hein ? L'auteur, donc, arrive à garder dans tout le récit, malgré différentes phases lourdes émotionnellement parlant, un ton léger : Bob est en effet les personnages centraux (mon français crie en moi, mais non, il n'y a toujours pas de faute d’inattention) et ces derniers ont un sens de l'humour particulièrement croustillant ; sans compter que, par une pirouette scénaristique, les Bob présentent une personnalité proche, et pourtant ils se distinguent les uns des autres. Différents sujets sont ainsi évoqués, par exemple, comment évoluons nous dans des conditions différentes ? Réponse apportée selon moi par le simple fait que tous les Bob sont Bob, mais vivant des expériences différentes, prenant des chemins de vie alternatifs, expérimentant encore et encore. Ils deviennent ainsi tous des personnes profondément différentes, aux envies différentes et dès l’instant où la copie s'éveille et se rend compte qu’elle est la copie, quelques secondes après sa création. La question du trans-humanisme est posée, ainsi que les "obligations", ou le sentiment d'appartenance à l'humanité quand on est une créature interstellaire immortelle et mécanique ; ou encore l'amour entre humains et réplicants, ces derniers étant la catégorie de personne (cet élément même de personne étant remis en question par certain) dont fait partie Bob ou d’autres esprits transférés dans des machines. La question de l'identité, de l’identité de Bob quand il est répliqué, ou de nous si nous sommes répliqués, est centrale à la trilogie et les réponses apportées continuent de creuser la question, de la remanier, de la retourner sans essouffler l’intérêt de cette dernière. Que ferait-on si la notion même de corps devenait absconse, vide de sens ? Où sont les limites quand on peut devenir un drone, un vaisseau, un robot, un androïde, un simple programme informatique ?

Bob, développeur web des années 2000, décapité et congelé. Pour la science.

Par ailleurs de très nombreuses références à la culture occidentale, notamment à la science fiction (Star Wars, Star Trek, etc...) sont présentes et incluses très intelligemment dans le récit. En dehors de ça, pas mal de réflexions sont présentes encore une fois ; sur notre futur, sur notre potentiel et nos actions. L'auteur n’hésite pas à se montrer très critique face à nos congénères ou nos possibles descendants. Il est également question, avec les trois tomes que compte la trilogie, de l'immortalité, du clonage, de la religion, de l’impact des humains ou de futurs trans-humains aux moyens quasi-infinis sur d'autres peuples ou espèces intelligentes, etc... Finalement, c'est beaucoup de réflexions qu'offre "Nous Sommes Légion, Nous Sommes Bob" à travers ses histoires, son univers, sous le vernis d'un humour et d'une nonchalance croustillante. Simple dans sa forme mais pourtant profonde dans son fond, l'oeuvre de Dennis E. Taylor a été un plaisir à lire mais je dois bien avouer être déçu de la trilogie, non pas pour l'oeuvre en elle même mais bien parce qu'elle se conclut et qu'il est peu probable que le récit se poursuive. Mon avis final sur l'oeuvre est positif, j'avoue en avoir fait la propagande à ma femme qui devrait sous peu entamer sa lecture ; de même, je vous pousse à vous y intéresser si vous aimez la science-fiction, l'humour, la philosophie, l'exploration spatiale et la colonisation. Sans oublier l'aspect dystopique, clairement présent, la trilogie reste optimiste et nous propose un avenir certes compliqué, sombre, voire apocalyptique mais ayant quand même toutes les graines, les opportunités et la volonté de s’élever vers un futur plus radieux. L’écriture est assez légère, ne sombre pas dans du descriptif à outrance mais n’est pas non plus tournée vers une suite infinie de dialogue entre les différents personnages ; l’équilibre est mis en place pour nous offrir une expérience littéraire plus qu’appréciable. De plus, mon côté anti-dogmatique avoue prendre un plaisir certain à l’envoi de boules de métal de 500 kilos à vitesse extrême depuis l’orbite sur des tyrans, des meurtriers ou des religieux extrémistes (ou les trois en même temps) ; mais bon ça c’est le point bonus. Toujours est-il, ami lecteur que je te le recommande vivement comme ton livre au coin de l'écran !
FAITH, après l'épisode Bob.

mercredi 8 juin 2016

[Critique] L'Assassin Royal (Cycle I et II) - Robin Hobb / Margaret Astrid Lindholm Ogden


Bien le bonjour, ou le bonsoir, selon ton heure, mon cher lecteur ! Cela fais un bail, hein ? Met toi à l'aise, installe toi dans ce fauteuil, celui-là, oui. Enlève la poussière un peu ; désolé que cela te fasse éternuer ! Un certain temps qu'on ne s'est pas réunis, je le sais bien. N'attend pas d'excuses de ma part, je suis sans cœur, mais j'avoue être heureux de te voir là tout de même. Apres tout, tu m'as manqué, mon cher ami, quand bien même tu ne me donne quasiment jamais de retour, hein ?

Bon, tu es là pour que je te raconte une histoire, non ? Ou plutôt, mon avis sur celle-ci. Aujourd'hui, je vous propose au menu un petit peu de roman initiatique, type heroic-fantasy. Nous allons évoquer la première saga du genre que j'ai eut entre les mains, celle qui m'a donné un amour tout particulier pour ce type de récit, l'Assassin Royal de Robin Hobb. Ou Margaret Astrid Lindholm Ogden. C'est la même personne, après tout. Toujours est-il que le récit se découpe en trois parties bien distinctes, trois cycles qui n'ont pas été écris en même temps ; le premier avait même pour vocation d’être le seul à relater les aventures de FitzChevalerie Loinvoyant (le héro, c'est lui.) ; mais l'auteur a écrit une autre saga, les Aventuriers de la Mer (nous en parlerons d'ailleurs dans un prochain article), dont l'histoire se passe avec certains personnages du premier cycle de l'Assassin Royal, juste après les événements de celui-ci, dans une autre partie du monde que Robin Hobb a créé. Par la suite, les événements de cette série influençant le pays de FitzChevalerie, un second cycle a vu le jour afin de nous montrer les conséquences. Le troisième cycle, lui, se déroule semble-t-il à la fin de vie de notre héro.

Bref, il y a trois cycle et je n'en connais que deux. Oui, le troisième n'est sortie qu'en 2014 en version anglaise, je ne sais même pas où en est la version française, puis bon, étant fauché comme les blés après la moisson, je préfère ne pas m'infliger de torture psychologique en allant voir où cela en est, puisque je ne pourrais de toute manière pas les acheter. Je sais, tu es triste, moi également, mais nous avons tout de même 13 tomes à disséquer ensemble ! N'est-ce pas génial ? Je vois toute ta joie, là, au fond de tes yeux. Pas besoin de me le dire, je sais que tu es heureux. Non, ne fais pas attention au fait que tu enchaîné sur ce siège, c'est pour ton bien.

Enchaînons donc sur l'histoire : dans un royaume lointain, où la même famille royale règne depuis des générations et des générations, la coutume veut que les membres de la-dite famille portent comme noms des adjectifs, qu'ils devront incarner tout au long de leurs vies. Ainsi le roi en place se nomme Subtil, son fils aîné Chevalerie, le second fils Vérité et le dernier, fils préféré du roi, Royal. Tout va bien dans le royaume, quelques attaques de pirates de temps en temps, mais rien de bien fou. Sauf que voila, notre héro, c'est FitzChevalerie. Le fils bâtard de Chevalerie. Le prince héritier décide donc d'abdiquer, rapidement, et de se retirer dans son domaine, n'ayant a ses yeux que réussis à déshonorer les Loinvoyant ; sauf que le bâtard a gentiment été posé à la cour par le père "adoptif" (qui l'a élevé 5 ans avant de trouver que quand même, avoir la preuve que sa fille n'est plus "pure" devant ses yeux chaque jours, ça saoul un peu.) et que bon, il a du sang royal tout de même. Subtil décide donc qu'on va le garder, ce petit bonhomme et tant qu'a faire le rendre utile, hein ? Et devinez ce que devient Fitz (le nom de la saga n'est pas un indice, c'est faux.) ? L'assassin du roi ! Tada ! Tu ne t'y attendais pas, hein ? Tu es surpris, avoue ! Quoi, tu le savais ? Tsss, tu gâche tout effet de surprise.

On va donc pouvoir suivre sa vie, son évolution, au sein de la cour, des complots, etc ... Surtout que ce rajoute à ça le fait qu'il possède l'Art, une magie puissante et respectée, réputée pour être la magie royale, que de moins en moins de personnes peuvent contrôler, mais également le Vif, magie fort mal vue et dont les détenteurs sont généralement tués à vu, lynchés en place publique. Et la moitié de la cour veut sa mort au fait, car bon, c'est quand même un bâtard royal dont la simple existence à fait abdiquer Chevalerie le prince héritier plutôt bien aimé par le peuple, et l'autre partie s'en fou un peu. J'oublie le plus important : Royal, ne voyant qu'un seul frère entre lui et le trône (Vérité étant le nouveau prince héritier), se dit que quand même, comploter ce serait bien. Et décide donc de supprimer son père, le roi Subtil, et son frère au passage. D'ailleurs, Chevalerie meurt dans des circonstances quelques peu "étranges". Un accident, hein ? Vous savez, le genre d'accident type "mort par suicide d'une flèche dans le dos". Cela arrive souvent, les suicides d'une flèche dans le dos, c'est connu. Royal est innocent de ce crime ; pardon, accident. Puis pour finir en beauté, les pirates commencent à vraiment bien attaquer le royaume, laissant derrière eux des hordes de survivants, privés de tout ce qui faisait d'eux des Hommes par une étrange magie... Une horde de sauvages animaux à face humaines, uniquement capables des actions les plus basiques, dont la chasse, le meurtre et le viol. 

Voila pour le premier cycle, qui verra ses différentes intrigues, ainsi que d'autres (comme son amour d'enfance/adolescence, Molly, qui lui reste inaccessible, etc...) évoluer et se conclure, d'une manière ou d'une autre au cour du premier cycle. Et là, on arrive à un stade de l'oeuvre qui était à la base prévue pour s’arrêter là. Sauf que voila, Robin Hobb à écrit une autre saga, les Aventuriers de la Mer, qui se passe plus ou moins en même temps/un peu après le cycle I dans une autre contrée, au sud du royaume des Loinvoyant et reprenant certains personnages ... D'une certaine manière. Je ne peut que vous poussez à les lires pour comprendre, je ne vous donnerais pas d'information supplémentaire dans le présent article, non. Toujours est-il que bien après les événements relatés dans cette série, et bien plus encore par rapport au premier cycle de l'Assassin Royal, nous voila de nouveau en compagnie de FitzChevalerie. Il vit alors incognito, sous le nom de Tom Blaireau, en compagnie d'un orphelin de la Guerre des Pirates Rouges (un des ennemis du premier cycle). Au cours du premier cycle (attention, lecteur, ici le spoil du premier cycle seront légions, étant donné que je ne peut parler du second sans évoquer certains faits s’étant déroulé dans le premier) on a appris qu'au delà du simple fait d’être un bâtard royal, le Fitz est le Catalyseur, être mythique servant à un Prophète Blanc afin de courber le Temps et la destiné de l'humanité sur le meilleur chemin. Et le Prophète Blanc, c'est le fou du roi du premier cycle, qui n'a pas d'autre nom que "le fou". Enfin, jusqu'à ce cycle ; on y apprendra en effet que son véritable nom était Bien-Aimé.

Quoi, tu es perdu lecteur ? Bon, c'est simple, tout au long de l'oeuvre de Robin Hobb, tu aura des évocations à différentes mythologie, donnant une cohérence certaine à son univers. Certains mythes ne serviront à rien, si ce n'est rajouter de la cohérence, et d'autres au contraire auront une utilité à un moment du récit. C'est le cas des Blancs, peuple mythique disparu ayant une telle avancée et un telle connaissance qu'ils pouvaient déterminer le tracé du Temps. Ils s’étaient par ailleurs rendu compte que le Temps n’était qu'une boucle, se reproduisant éternellement et avaient pour but de faire sortir le Temps de cette boucle éternelle, qu'il n'y ait plus de destinée. Voyant leur fin arriver, et être nécessaire à atteindre leur but, ils décidèrent de faire des croisements entre leur race et celle des humains ; les enfants des couples étaient purement humains, mais tout croisement entre leurs descendants donnent naissance à un Blanc, animé des mêmes motivations que son peuple disparut : sortir le Temps de ses ornières. Son moyen le plus simple, c'est de mettre un coin sous la roue qu'est le temps, histoire qu'elle dévie. Et son coin, c'est un être hors norme qui de par sa nature même est une aberration ; celui de l’époque que nous suivons dans l'Assassin Royal c'est le Fitz, qui n’était pas sensé exister, qui n’était pas sensé rester en vie et qui par sa simple existence est un foyer d'instabilité.

C'est bon, ça va mieux mon petit lecteur ? Bien, donc ce second cycle nous voit un Fitz vieillissant avant l'heure, ayant prit une retraite anticipée après tous les sacrifices qu'il a fait pour le bien du Royaume. Il vit loin de tous, bien qu'il reçoit des visites de son amante plusieurs fois par an, une ménestrelle rencontrée durant ses aventures. Molly, son grand amour, vit avec Burrich, l'homme qui l'a élevé : tous les deux le croient mort, et fuyant les attaques de Royal (devenu roi après la mort de Subtil et la disparition de Vérité et qui cherchait à tuer l'enfant de Fitz et Molly, Ortie.) sont peu à peu tombé amoureux l'un de l'autre. Ils ont depuis eut depuis des enfants et ceux-ci ne savent pas bien sur que Ortie n'est que leur demi-sœur : aux yeux de tous (sauf quelques élus) ce n'est qu'une famille de fermier et éleveur, réputé pour la qualité de leurs animaux, et Burrich est le père de tous les enfants. Fitz y a veillé.

Mais voila que dans sa petite vie tranquille d'ermite surgit à nouveau son mentor, Umbre, le Maître Assassin de Subtil devenu depuis le Conseiller de la Reine-Mère Kettricken, la femme de Vérité. Oh, oui, au moment du second cycle, Royal est mort depuis des années, après que Fitz se soit servie de son Art pour modifier son esprit du tout au tout, le rendant fidèle à jamais à la Reine et son fils, le prince Devoir. Umbre propose d'une manière relativement peu subtile les choses à Fitz : reviens faire le café, où j'utilise ta fille sans vergogne pour le bien de la couronne. Et Fitz remonte donc en selle, se replongeant dans les intrigues et les complots, pour le bien de la couronne et la tranquillité de sa fille. Surtout que le fou, le fameux Prophète Blanc, revient et lui annonce que bien qu'il ai fais sauter le Temps de son chemin(lors du premier cycle, à plusieurs reprises), il faut l’empêcher maintenant d'y retourner car le Temps est soumis à l’entropie et tend à retourner à son état initial cyclique. Et le danger est grand : dans la courbe cyclique du Temps, Royal était le dernier des Roi Loinvoyant. Hors Fitz a permis a Devoir d'exister. Et aujourd'hui, Devoir a disparut...

Nous allons ainsi voir Fitz rechercher le Prince, se lier à lui, le maintenir en vie et lui enseigner ce qu'il sait. Nous le verrons non plus dans la position de l'adolescent qui apprend la vie auprès d'un mentor, comme dans le premier cycle, mais dans celui du mentor qui apprend à un adolescent. Nous le verrons également essayer de régler ses problèmes familiaux, avec une difficulté majeure : sa fille possède l'Art, à un très haut niveau et Devoir est bien l'enfant de Vérité et Kettricken mais le corps du roi était alors inutilisable ; il a donc investi le corps de son neveu, Fitz, pour concevoir le prince héritier. Puis après, il s'est littéralement changé en Dragon, puis il a bouffé du Pirates Rouges, mettant fin aux Guerres des Pirates Rouges. Et oui, ça, c’était du spoil gratuit. Je suis comme ça, moi, généreux.

Bref, je n'en dirais pas plus sur l'histoire de l'Assassin Royal ; maintenant je vous donnerais mon ressenti, mon avis sur l'oeuvre. Et je dois vous l'avouer, je ne pense pas être objectif. Mais un peu quand même. En premier, je dois attaquer sur un point qui me gêne, à chaque fois que je lis les deux cycles : à la fin du premier et dans le second cycle on rencontre un personnage, dont le nom change entre les deux cycles. Et mon dieu, ce genre d’incohérence me font tellement de mal ! Après, je ne sais pas si c'est dut aux éditions que je lis, où si c'est déjà présent dans la version originale. On retrouve également quelques petites incohérences/facilités scénaristiques utilisant les aventures qu'on ne voit pas, comme le Fou qui va réveiller des dragons dans les aventuriers de la mer, pour pousser le récit dans un certain sens dans le second cycle. Je ne trouve pas ça trop gênant outre mesure, l'auteur n'y à recours qu'à quelques moments bien particuliers. Et puis bon, voir le Fou du Roi revenir en tant que Seigneur Doré, riche noble étranger outrageux et dépensier, au centre de bien des scandales de la cour royale c'est quand même super fun. De même, certains comportements un peu "particuliers" de Fitz notamment serons expliqués bien plus tard, fin du second cycle, par une pirouette scénaristique. Et je dirais juste "Admettons." ; ce ne sera pas le premier récit qui retombe sur ses pattes au dernier moment, et contrairement à d'autres (malheureusement trop nombreux, ami lecteur) l'auteur fait au moins l'effort d'essayer de se justifier même si à mon sens cette justification est un peu faible.

Je suis nébuleux, hein ? Pour une fois, je fais l'effort de ne pas essayer de vous spoiler, surtout sur la fin du récit, donc bon, m'en voulez pas (typiquement, une pirouette pour retomber sur mes pattes, avec une explication un peu bancale. Tu vois mieux ?). Bref, niveau écriture, rien à redire, Robin Hobb sait se servir d'une plume et nous le montre ; il n'y a pas trop de descriptif et la répartition entre dialogue, action, description est bien équilibrée ; j'ai beau les avoir lu plusieurs fois, je suis toujours transporté dans cette univers à chaque lecture, sans aucun problème. De même, je n'ai pas vu un style trop pompeux, on ne sent pas un auteur qui essaie plus de se mettre en avant lui que son oeuvre (ce qui est déjà arrivé, dans certaines œuvres que j'ai lu et dont je vous parlerais plus tard.). J’apprécie particulièrement l'humour, distillé dans les différents tomes, par différents personnages ; c'est toujours appréciable et rend les personnages plus humains, y compris ceux qu'on voit toujours sérieux soudain lancer une petite pique à un autre après une bataille ou autre situation pouvant peser sur le moral.

Que te dire de plus, ami lecteur ? Je te le recommande (surprenant, hein ? ), je l'ai apprécié (toujours étonnant, hein ?) et c'est après tout la première saga d'héroic-fantasy que j'ai eut entre les mains. Sans elle, pas de Mortak blogueur, peut être pas d'amour fou pour les livres. Sans cette saga, je ne serais pas le lecteur que je suis, mais au vu de l'importance des livres dans ma vie, je ne serais probablement pas la personne que je suis non plus. Bien sûr, elle n'aura sûrement pas le même effet sur toi, mais tu pourrais sûrement l’apprécier, l'ami. Après, l'important, tu le sais bien, mon cher camarade, l'important reste d'avoir un livre au coin de l'écran.