Bien le bonjour, ou le bonsoir, selon ton heure, mon cher lecteur ! Cela fais un bail, hein ? Met toi à l'aise, installe toi dans ce fauteuil, celui-là, oui. Enlève la poussière un peu ; désolé que cela te fasse éternuer ! Un certain temps qu'on ne s'est pas réunis, je le sais bien. N'attend pas d'excuses de ma part, je suis sans cœur, mais j'avoue être heureux de te voir là tout de même. Apres tout, tu m'as manqué, mon cher ami, quand bien même tu ne me donne quasiment jamais de retour, hein ?
Bon, tu es là pour que je te raconte une histoire, non ? Ou plutôt, mon avis sur celle-ci. Aujourd'hui, je vous propose au menu un petit peu de roman initiatique, type heroic-fantasy. Nous allons évoquer la première saga du genre que j'ai eut entre les mains, celle qui m'a donné un amour tout particulier pour ce type de récit, l'Assassin Royal de Robin Hobb. Ou Margaret Astrid Lindholm Ogden. C'est la même personne, après tout. Toujours est-il que le récit se découpe en trois parties bien distinctes, trois cycles qui n'ont pas été écris en même temps ; le premier avait même pour vocation d’être le seul à relater les aventures de FitzChevalerie Loinvoyant (le héro, c'est lui.) ; mais l'auteur a écrit une autre saga, les Aventuriers de la Mer (nous en parlerons d'ailleurs dans un prochain article), dont l'histoire se passe avec certains personnages du premier cycle de l'Assassin Royal, juste après les événements de celui-ci, dans une autre partie du monde que Robin Hobb a créé. Par la suite, les événements de cette série influençant le pays de FitzChevalerie, un second cycle a vu le jour afin de nous montrer les conséquences. Le troisième cycle, lui, se déroule semble-t-il à la fin de vie de notre héro.
Bref, il y a trois cycle et je n'en connais que deux. Oui, le troisième n'est sortie qu'en 2014 en version anglaise, je ne sais même pas où en est la version française, puis bon, étant fauché comme les blés après la moisson, je préfère ne pas m'infliger de torture psychologique en allant voir où cela en est, puisque je ne pourrais de toute manière pas les acheter. Je sais, tu es triste, moi également, mais nous avons tout de même 13 tomes à disséquer ensemble ! N'est-ce pas génial ? Je vois toute ta joie, là, au fond de tes yeux. Pas besoin de me le dire, je sais que tu es heureux. Non, ne fais pas attention au fait que tu enchaîné sur ce siège, c'est pour ton bien.
Enchaînons donc sur l'histoire : dans un royaume lointain, où la même famille royale règne depuis des générations et des générations, la coutume veut que les membres de la-dite famille portent comme noms des adjectifs, qu'ils devront incarner tout au long de leurs vies. Ainsi le roi en place se nomme Subtil, son fils aîné Chevalerie, le second fils Vérité et le dernier, fils préféré du roi, Royal. Tout va bien dans le royaume, quelques attaques de pirates de temps en temps, mais rien de bien fou. Sauf que voila, notre héro, c'est FitzChevalerie. Le fils bâtard de Chevalerie. Le prince héritier décide donc d'abdiquer, rapidement, et de se retirer dans son domaine, n'ayant a ses yeux que réussis à déshonorer les Loinvoyant ; sauf que le bâtard a gentiment été posé à la cour par le père "adoptif" (qui l'a élevé 5 ans avant de trouver que quand même, avoir la preuve que sa fille n'est plus "pure" devant ses yeux chaque jours, ça saoul un peu.) et que bon, il a du sang royal tout de même. Subtil décide donc qu'on va le garder, ce petit bonhomme et tant qu'a faire le rendre utile, hein ? Et devinez ce que devient Fitz (le nom de la saga n'est pas un indice, c'est faux.) ? L'assassin du roi ! Tada ! Tu ne t'y attendais pas, hein ? Tu es surpris, avoue ! Quoi, tu le savais ? Tsss, tu gâche tout effet de surprise.
On va donc pouvoir suivre sa vie, son évolution, au sein de la cour, des complots, etc ... Surtout que ce rajoute à ça le fait qu'il possède l'Art, une magie puissante et respectée, réputée pour être la magie royale, que de moins en moins de personnes peuvent contrôler, mais également le Vif, magie fort mal vue et dont les détenteurs sont généralement tués à vu, lynchés en place publique. Et la moitié de la cour veut sa mort au fait, car bon, c'est quand même un bâtard royal dont la simple existence à fait abdiquer Chevalerie le prince héritier plutôt bien aimé par le peuple, et l'autre partie s'en fou un peu. J'oublie le plus important : Royal, ne voyant qu'un seul frère entre lui et le trône (Vérité étant le nouveau prince héritier), se dit que quand même, comploter ce serait bien. Et décide donc de supprimer son père, le roi Subtil, et son frère au passage. D'ailleurs, Chevalerie meurt dans des circonstances quelques peu "étranges". Un accident, hein ? Vous savez, le genre d'accident type "mort par suicide d'une flèche dans le dos". Cela arrive souvent, les suicides d'une flèche dans le dos, c'est connu. Royal est innocent de ce crime ; pardon, accident. Puis pour finir en beauté, les pirates commencent à vraiment bien attaquer le royaume, laissant derrière eux des hordes de survivants, privés de tout ce qui faisait d'eux des Hommes par une étrange magie... Une horde de sauvages animaux à face humaines, uniquement capables des actions les plus basiques, dont la chasse, le meurtre et le viol.
Voila pour le premier cycle, qui verra ses différentes intrigues, ainsi que d'autres (comme son amour d'enfance/adolescence, Molly, qui lui reste inaccessible, etc...) évoluer et se conclure, d'une manière ou d'une autre au cour du premier cycle. Et là, on arrive à un stade de l'oeuvre qui était à la base prévue pour s’arrêter là. Sauf que voila, Robin Hobb à écrit une autre saga, les Aventuriers de la Mer, qui se passe plus ou moins en même temps/un peu après le cycle I dans une autre contrée, au sud du royaume des Loinvoyant et reprenant certains personnages ... D'une certaine manière. Je ne peut que vous poussez à les lires pour comprendre, je ne vous donnerais pas d'information supplémentaire dans le présent article, non. Toujours est-il que bien après les événements relatés dans cette série, et bien plus encore par rapport au premier cycle de l'Assassin Royal, nous voila de nouveau en compagnie de FitzChevalerie. Il vit alors incognito, sous le nom de Tom Blaireau, en compagnie d'un orphelin de la Guerre des Pirates Rouges (un des ennemis du premier cycle). Au cours du premier cycle (attention, lecteur, ici le spoil du premier cycle seront légions, étant donné que je ne peut parler du second sans évoquer certains faits s’étant déroulé dans le premier) on a appris qu'au delà du simple fait d’être un bâtard royal, le Fitz est le Catalyseur, être mythique servant à un Prophète Blanc afin de courber le Temps et la destiné de l'humanité sur le meilleur chemin. Et le Prophète Blanc, c'est le fou du roi du premier cycle, qui n'a pas d'autre nom que "le fou". Enfin, jusqu'à ce cycle ; on y apprendra en effet que son véritable nom était Bien-Aimé.
Quoi, tu es perdu lecteur ? Bon, c'est simple, tout au long de l'oeuvre de Robin Hobb, tu aura des évocations à différentes mythologie, donnant une cohérence certaine à son univers. Certains mythes ne serviront à rien, si ce n'est rajouter de la cohérence, et d'autres au contraire auront une utilité à un moment du récit. C'est le cas des Blancs, peuple mythique disparu ayant une telle avancée et un telle connaissance qu'ils pouvaient déterminer le tracé du Temps. Ils s’étaient par ailleurs rendu compte que le Temps n’était qu'une boucle, se reproduisant éternellement et avaient pour but de faire sortir le Temps de cette boucle éternelle, qu'il n'y ait plus de destinée. Voyant leur fin arriver, et être nécessaire à atteindre leur but, ils décidèrent de faire des croisements entre leur race et celle des humains ; les enfants des couples étaient purement humains, mais tout croisement entre leurs descendants donnent naissance à un Blanc, animé des mêmes motivations que son peuple disparut : sortir le Temps de ses ornières. Son moyen le plus simple, c'est de mettre un coin sous la roue qu'est le temps, histoire qu'elle dévie. Et son coin, c'est un être hors norme qui de par sa nature même est une aberration ; celui de l’époque que nous suivons dans l'Assassin Royal c'est le Fitz, qui n’était pas sensé exister, qui n’était pas sensé rester en vie et qui par sa simple existence est un foyer d'instabilité.
C'est bon, ça va mieux mon petit lecteur ? Bien, donc ce second cycle nous voit un Fitz vieillissant avant l'heure, ayant prit une retraite anticipée après tous les sacrifices qu'il a fait pour le bien du Royaume. Il vit loin de tous, bien qu'il reçoit des visites de son amante plusieurs fois par an, une ménestrelle rencontrée durant ses aventures. Molly, son grand amour, vit avec Burrich, l'homme qui l'a élevé : tous les deux le croient mort, et fuyant les attaques de Royal (devenu roi après la mort de Subtil et la disparition de Vérité et qui cherchait à tuer l'enfant de Fitz et Molly, Ortie.) sont peu à peu tombé amoureux l'un de l'autre. Ils ont depuis eut depuis des enfants et ceux-ci ne savent pas bien sur que Ortie n'est que leur demi-sœur : aux yeux de tous (sauf quelques élus) ce n'est qu'une famille de fermier et éleveur, réputé pour la qualité de leurs animaux, et Burrich est le père de tous les enfants. Fitz y a veillé.
Mais voila que dans sa petite vie tranquille d'ermite surgit à nouveau son mentor, Umbre, le Maître Assassin de Subtil devenu depuis le Conseiller de la Reine-Mère Kettricken, la femme de Vérité. Oh, oui, au moment du second cycle, Royal est mort depuis des années, après que Fitz se soit servie de son Art pour modifier son esprit du tout au tout, le rendant fidèle à jamais à la Reine et son fils, le prince Devoir. Umbre propose d'une manière relativement peu subtile les choses à Fitz : reviens faire le café, où j'utilise ta fille sans vergogne pour le bien de la couronne. Et Fitz remonte donc en selle, se replongeant dans les intrigues et les complots, pour le bien de la couronne et la tranquillité de sa fille. Surtout que le fou, le fameux Prophète Blanc, revient et lui annonce que bien qu'il ai fais sauter le Temps de son chemin(lors du premier cycle, à plusieurs reprises), il faut l’empêcher maintenant d'y retourner car le Temps est soumis à l’entropie et tend à retourner à son état initial cyclique. Et le danger est grand : dans la courbe cyclique du Temps, Royal était le dernier des Roi Loinvoyant. Hors Fitz a permis a Devoir d'exister. Et aujourd'hui, Devoir a disparut...
Nous allons ainsi voir Fitz rechercher le Prince, se lier à lui, le maintenir en vie et lui enseigner ce qu'il sait. Nous le verrons non plus dans la position de l'adolescent qui apprend la vie auprès d'un mentor, comme dans le premier cycle, mais dans celui du mentor qui apprend à un adolescent. Nous le verrons également essayer de régler ses problèmes familiaux, avec une difficulté majeure : sa fille possède l'Art, à un très haut niveau et Devoir est bien l'enfant de Vérité et Kettricken mais le corps du roi était alors inutilisable ; il a donc investi le corps de son neveu, Fitz, pour concevoir le prince héritier. Puis après, il s'est littéralement changé en Dragon, puis il a bouffé du Pirates Rouges, mettant fin aux Guerres des Pirates Rouges. Et oui, ça, c’était du spoil gratuit. Je suis comme ça, moi, généreux.
Bref, je n'en dirais pas plus sur l'histoire de l'Assassin Royal ; maintenant je vous donnerais mon ressenti, mon avis sur l'oeuvre. Et je dois vous l'avouer, je ne pense pas être objectif. Mais un peu quand même. En premier, je dois attaquer sur un point qui me gêne, à chaque fois que je lis les deux cycles : à la fin du premier et dans le second cycle on rencontre un personnage, dont le nom change entre les deux cycles. Et mon dieu, ce genre d’incohérence me font tellement de mal ! Après, je ne sais pas si c'est dut aux éditions que je lis, où si c'est déjà présent dans la version originale. On retrouve également quelques petites incohérences/facilités scénaristiques utilisant les aventures qu'on ne voit pas, comme le Fou qui va réveiller des dragons dans les aventuriers de la mer, pour pousser le récit dans un certain sens dans le second cycle. Je ne trouve pas ça trop gênant outre mesure, l'auteur n'y à recours qu'à quelques moments bien particuliers. Et puis bon, voir le Fou du Roi revenir en tant que Seigneur Doré, riche noble étranger outrageux et dépensier, au centre de bien des scandales de la cour royale c'est quand même super fun. De même, certains comportements un peu "particuliers" de Fitz notamment serons expliqués bien plus tard, fin du second cycle, par une pirouette scénaristique. Et je dirais juste "Admettons." ; ce ne sera pas le premier récit qui retombe sur ses pattes au dernier moment, et contrairement à d'autres (malheureusement trop nombreux, ami lecteur) l'auteur fait au moins l'effort d'essayer de se justifier même si à mon sens cette justification est un peu faible.
Je suis nébuleux, hein ? Pour une fois, je fais l'effort de ne pas essayer de vous spoiler, surtout sur la fin du récit, donc bon, m'en voulez pas (typiquement, une pirouette pour retomber sur mes pattes, avec une explication un peu bancale. Tu vois mieux ?). Bref, niveau écriture, rien à redire, Robin Hobb sait se servir d'une plume et nous le montre ; il n'y a pas trop de descriptif et la répartition entre dialogue, action, description est bien équilibrée ; j'ai beau les avoir lu plusieurs fois, je suis toujours transporté dans cette univers à chaque lecture, sans aucun problème. De même, je n'ai pas vu un style trop pompeux, on ne sent pas un auteur qui essaie plus de se mettre en avant lui que son oeuvre (ce qui est déjà arrivé, dans certaines œuvres que j'ai lu et dont je vous parlerais plus tard.). J’apprécie particulièrement l'humour, distillé dans les différents tomes, par différents personnages ; c'est toujours appréciable et rend les personnages plus humains, y compris ceux qu'on voit toujours sérieux soudain lancer une petite pique à un autre après une bataille ou autre situation pouvant peser sur le moral.
Que te dire de plus, ami lecteur ? Je te le recommande (surprenant, hein ? ), je l'ai apprécié (toujours étonnant, hein ?) et c'est après tout la première saga d'héroic-fantasy que j'ai eut entre les mains. Sans elle, pas de Mortak blogueur, peut être pas d'amour fou pour les livres. Sans cette saga, je ne serais pas le lecteur que je suis, mais au vu de l'importance des livres dans ma vie, je ne serais probablement pas la personne que je suis non plus. Bien sûr, elle n'aura sûrement pas le même effet sur toi, mais tu pourrais sûrement l’apprécier, l'ami. Après, l'important, tu le sais bien, mon cher camarade, l'important reste d'avoir un livre au coin de l'écran.