Conseil 3 : Soyons moins susceptibles !
Qu'est-ce que j'entend par là ? Très régulièrement, dans ma vie en général comme en entreprises, j'ai pu voir des conflits émerger, prendre des proportions immenses, au point de paralyser des équipes, des groupes d'amis, voir une structure, alors que le problème initial c'est simplement qu'une à plusieurs personnes ont réceptionné un message auquel ils ont accolé un message supplémentaire, issue non pas du locuteur en face d'eux mais au contraire issue de leurs propres émotions, de leurs propres visions du monde. Par message, je sous entend les conversations, comme les commentaires sous des articles sur les réseaux sociaux, ou encore un mail reçu en entreprise : en bref, tout ce qui recèle une information qu'on vous transmet de quelques manière que ce soit.
Un cas concret (anonymisé et évasif pour ne donner aucunes informations permettant de déterminer le cas en question, bien sûr), vécu dans une structure où j'intervenais : un des supérieurs a demandé à un de ses subordonnés de réaliser une tâche. Ce subordonné a pris de travers cette demande, estimant que c’était une attaque sur sa personne et ses capacités. J'avoue que personnellement, j'ai trouvé la formulation du supérieur bancale, trop ouverte et sujette à l’interprétation dans un contexte où la structure connaît déjà des problématiques relationnelles, mais pour avoir assez bien observé cette équipe, pendant des semaines en l’occurrence, et notamment réalisé des entretiens avec les différents membres de l’équipe, je sais que ce supérieur pense plutôt du bon de ce subordonné, les évaluations qu'il remonte à sa hiérarchie sont mêmes positives et valorisantes.
Pourquoi l'employé a mal prit cette demande ? Simplement parce qu'il lui est arrivé de se tromper sur des tâches similaires, lui faisant perdre un peu sa confiance en lui-même et que la formulation de la phrase n’était pas parfaite comme je l'ai indiqué. Mais même si elle l’était, le message pouvait être mal compris ; simplement parce que malgré ses qualités, l'interlocuteur n'a pas su séparer le message reçu de ses émotions. En situation professionnelle, cela peut dégénérer dans des proportions incroyables ; il en va de même dans votre vie quotidienne, avec vos proches. Imaginez alors dans les cas où le message est relayé par d'autres individus, par exemple, en entreprise, différent échelon hiérarchique ? Rajoutez également les biais dut à un contexte d'émission du message, ou de réception, particulier : vous ne comprendrez pas un même message de la même manière que vous le receviez au boulot ou en pleine fête ! Et pour faire bonne mesure, un troisième point : les définitions des termes, que j'ai déjà évoqué dans mon premier post d'introduction à ce concept de conseils non sollicités. Si vous avez deux interlocuteurs, mais que les deux ne mettent pas le même sens derrière un même mot, vous courez droit dans le mur pour ce qui est de la compréhension.
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Illustration non exhaustive des biais de communication (Merci beaucoup à Tabernak pour l'infographie!) |
Un autre cas concret que je peux partager est très récent : un retour qu'un de mes proches m'a fait sur mon premier post sur cette page. Ce proche m'a ainsi indiqué qu'il s'est senti pris de haut par mon post, qu'il était trop arrogant, qu'on me voyait comme un enseignant reprenant ses élèves indisciplinés. A contrario, un autre de mes proches m'a indiqué qu'il était très satisfait de voir les mesures que je prenais dans ce même post pour ne pas m'engager, pour ne pas me montrer arrogant, pour respecter les avis de tous, y compris de ceux qui ne partage pas mon point de vue. Pourtant, le message initial était le même, malgré les deux manières de le percevoir qui ne dépendent que d'une seule chose : les affects respectifs des deux lecteurs.
Il est primordial de pouvoir séparer les deux, de recevoir le message sans y accoler nos propres affects, nos propres définitions, notre propre contexte, de le prendre pour ce qu'il est ; cela ne veut pas dire de ce message qu'il est bon, parfait, irréprochable, ni qu'il ne faut pas le remettre en question. Il peut être tout à fait inadapté, violent, injurieux, condamnable. Mon conseil, c'est seulement de prendre un message pour ce qu'il est, ni plus, ni moins mais aussi d'essayer de faire preuve d'introspection au moment où on le reçoit et d'identifier clairement ce qu'il transmet, pas plus, pas moins. Tout en, dans le cas où on ressent une émotion quelconque, prenant le temps de faire son enquête sur soi même pour trouver la véritable origine de cette émotion. Enfin, de ne pas hésiter de remonter à la source initiale, de lui demander ce qu'elle entend par tel ou tel terme ; bref de construire une forme de langage commun et partagé, sans intermédiaire. Et je précise pour les petits malins que par langage, je ne dis pas langue ; on peut parler la même langue et pourtant ne pas parler le même langage. Je suis ainsi relativement certain de parler la même langue que notre président, par exemple, mais pas le même langage : ce que j'entend par priorité absolue pour mes concitoyens n'est certainement pas la même chose qu'il entend en disant pourtant les mêmes mots ! Je me permet de préciser que je ne parle pas de fond idéologique, simplement que nous sommes deux individus totalement différents, dans des contextes et problématiques totalement différentes également, forçant de fait à ne pas partager forcement les mêmes définitions.
Le prochain conseil sera en relation avec ce post, mais je ne vous dit pas quand je vous le donnerais ; en attendant chers lecteurs, prenez le temps de détacher des messages que vous recevez tout ce qui ne lui appartient pas intrinsèquement, pour mieux vous comprendre vous même et mieux comprendre les autres. Apprenons tous autant que nous sommes à faire preuve de plus de recul dans nos échanges !
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