Oui, je suis en vie. Et oui, comme à mon habitude, je ne commence pas la critique par la critique. La base, non ? Bien le bonjour, ami lecteur. L'attente ne fut pas trop longue, cette fois-ci, j’espère ? Je suis heureux de te voir présent ! Non, ne me parle pas de ces chaînes, je vois dans tes yeux que même sans elles tu serais là. Non, je ne les enlèverai pas, je les trouve esthétiques sur toi. Puis imagine, si je te les enlève, tu pourrais fuir. Allons, arrête de pleurer, parlons plutôt livre ! Bon, pour un rapide petit point, avant d’enchaîner sur l'article en lui-même, j'ai enfin fini mes études supérieures, ce fut une purge monumentale pour diverses raisons, je déteste un peu plus le genre humain, surtout les individus de mon âge, je suis toujours en recherche d'emploi, ma santé est stable malgré ma maladie et enfin, le plus important, je me suis marié il y a peu. Voilà, maintenant qu'on a mis de côté les raisons de mon absence de ces deux derniers années sur le présent blog, ainsi que le point "vie actuelle", on peut entamer notre critique littéraire.
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Non, ce ne sont pas des stormtroopers. |
Bon, allez, lecteur, prends place dans le fond du siège, pose-toi, installe-toi tranquillement, parce qu'on va parler de Bob est les Bob. Non, ce n'est pas une faute de frappe, ni d'écriture. Nous Sommes Légion : Nous Sommes Bob, c'est une dystopie de notre futur proche (et au cours du récit, moins proche), qui commence aux Etats-Unis. Bob Johansson, joyeux bonhomme qui vient de revendre son entreprise à prix d'or, profite de sa fortune récente pour assister à une convention de science-fiction, offrir la balade à ses ex-employés, leur offrir un bon restaurant, signer un contrat de cryogénisation en cas de décès. Rien que de très commun, en soi. Enfin, pour le côté congélateur, il faut préciser que le contrat stipule bien qu'ils ne gardent que la tête. Le reste est estimé superflu, car quand ils auront les connaissances pour ranimer et redonner vie à un cadavre ils devraient selon l'entreprise être capables également de reconstruire le reste du corps. Donc, pour parler concret, le petit Bob, il a signé un contrat pour se faire décapiter et congeler. Rien que du très normal, je vous le dis ! Rien ne peut tourner mal...
Vous le sentez venir, hein ? |
Evidemment, les choses se passent mal : après le restaurant, se dirigeant vers la suite de la convention, un automobiliste ne regardant pas au bon endroit le percute et c'est le décès ! Bob décroche le gros lot, il a eu le temps de signer le contrat le matin même. Sans transition, il se réveille dans un endroit noir, sans avoir vu passer le temps. Noir, mais également sans aucune sensation. En fait, à part son esprit, il ne lui semble pas avoir grand chose d'autre, le Bobby. Ah, si, voilà qu'il arrive à voir. En face de lui, un étrange bonhomme, copie conforme de Freud. Oui, moi aussi j'aurais voulu refermer les yeux et repartir dans le noir. Mais Bob, il ne peut pas. Du coup, l'homme rationnel prend le dessus et il va pour se renseigner ; il apprend ainsi qu'il est un bien, une propriété d'un pays magnifique, FAITH. Qu'est-ce que c'est que ça me direz-vous ? Et bien, c'est le futur des Etats-Unis, remplacé par une théocratie totalitaire. L'Etat, sous contrôle de la religion pour faire simple. Et c'est bien sûr la religion Chrétienne qui a pris le pays sous sa coupe. Aussi, les règles ont un peu changé. Voire beaucoup. Et il a pas fallu tellement de temps puisque seulement un peu plus de 100 ans se sont passés depuis sa mort. Outre un amour pour Dieu un peu trop présent, une absence de liberté flagrante, des camps de rééducation, FAITH aime mettre en avant des sigles foireux, des acronymes plus ou moins élaborés : c'est déjà évident pour leur nom qui signifie en fait Free American Independent Theocratic Hegemony. Il y a également les IA, plus ou moins avancées, qui portent le doux nom de AMI (Artificial Machine Intelligence), des vaisseaux spatiaux qui se nomment HEAVEN (Habitable Earths Abiogenic Vessel Exploration Network), et j'en passe.
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Celui-là je l'ai pas vu dans la trilogie. Je suis déçu. |
Sinon, concernant le futur, comme déjà évoqué, il est moche. Pour faire simple, tous les pays sont en guerre froide et le spectre d'une troisième guerre mondiale plane au dessus de tout ça. Un élément à noter étant que les différents pays de notre époque se sont regroupés en des entités plus grosses, équivalentes aux Etats-Unis actuels. A la différence que pour l’Amérique du sud, c'est devenu l'Empire Brésilien. Une petite nation militariste et impérialiste, qui vise à prendre le contrôle du reste du monde. Et de l'espace. Parce que oui, le point central à tout ça, au fait que des cathos intégristes américains ont réveillé Bob, sous forme d'un ordinateur, c'est la conquête de l'espace. FAITH veut transformer Bob, ou un autre des sujets de l’expérience, en sonde d'exploration spatiale. Rien que ça, Billy. Du coup, le pays s'est lancé dans la production de différents projets, mais c'est difficile de créer une IA de toute pièce, alors bon, comme ils avaient des bâtons de surimi au congélo, autant les utiliser pour leur projet de frigo de l'espace autant répliquant. J'ai oublié de vous le dire ? Ils ont effectivement prévu de faire de Bob, ou de celui qui "gagnera" le concours du meilleur esclave moderne, une machine ayant la capacité de se répliquer, virtuellement à l'infini, à travers la galaxie afin de garantir un maximum de nouveau foyer pour l'humanité. Enfin, surtout de foyer pour FAITH. Ah, j'ai oublié un détail : Bob est un athée convaincu.
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Mais oui les mecs, c'est la meilleure idée. |
J’arrêterai là les spoils. Il faut savoir ne pas abuser des bonnes choses ! Je dirais aussi simplement que rapidement, Bob se retrouve dans l'espace, sous forme d'un gros vaisseau, qui va se balader de système stellaire en système stellaire tout en faisant d'autres copies de lui-même qui porteront chacune une ribambelle de noms : Bill, Striker, Homer, Icare, etc... Maintenant, entamons ce que j’en pense, ce que j’ai compris ou crois comprendre de l’objectif de l’auteur. Car oui, on m’a demandé de préciser que ce n’était que mon point de vue, pas celui de Jean-Michel, le tenancier du bar à côté. Du coup, si ça se trouve, je vous dis des stupidités qui sont à mille lieues de ce que voulait avancer Dennis (ou Denis, à la française, avec un bon accent du patois) ; mais faute de mieux vous ferez avec, hein ? L'auteur, donc, arrive à garder dans tout le récit, malgré différentes phases lourdes émotionnellement parlant, un ton léger : Bob est en effet les personnages centraux (mon français crie en moi, mais non, il n'y a toujours pas de faute d’inattention) et ces derniers ont un sens de l'humour particulièrement croustillant ; sans compter que, par une pirouette scénaristique, les Bob présentent une personnalité proche, et pourtant ils se distinguent les uns des autres. Différents sujets sont ainsi évoqués, par exemple, comment évoluons nous dans des conditions différentes ? Réponse apportée selon moi par le simple fait que tous les Bob sont Bob, mais vivant des expériences différentes, prenant des chemins de vie alternatifs, expérimentant encore et encore. Ils deviennent ainsi tous des personnes profondément différentes, aux envies différentes et dès l’instant où la copie s'éveille et se rend compte qu’elle est la copie, quelques secondes après sa création. La question du trans-humanisme est posée, ainsi que les "obligations", ou le sentiment d'appartenance à l'humanité quand on est une créature interstellaire immortelle et mécanique ; ou encore l'amour entre humains et réplicants, ces derniers étant la catégorie de personne (cet élément même de personne étant remis en question par certain) dont fait partie Bob ou d’autres esprits transférés dans des machines. La question de l'identité, de l’identité de Bob quand il est répliqué, ou de nous si nous sommes répliqués, est centrale à la trilogie et les réponses apportées continuent de creuser la question, de la remanier, de la retourner sans essouffler l’intérêt de cette dernière. Que ferait-on si la notion même de corps devenait absconse, vide de sens ? Où sont les limites quand on peut devenir un drone, un vaisseau, un robot, un androïde, un simple programme informatique ?
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Bob, développeur web des années 2000, décapité et congelé. Pour la science. |
Par ailleurs de très nombreuses références à la culture occidentale, notamment à la science fiction (Star Wars, Star Trek, etc...) sont présentes et incluses très intelligemment dans le récit. En dehors de ça, pas mal de réflexions sont présentes encore une fois ; sur notre futur, sur notre potentiel et nos actions. L'auteur n’hésite pas à se montrer très critique face à nos congénères ou nos possibles descendants. Il est également question, avec les trois tomes que compte la trilogie, de l'immortalité, du clonage, de la religion, de l’impact des humains ou de futurs trans-humains aux moyens quasi-infinis sur d'autres peuples ou espèces intelligentes, etc... Finalement, c'est beaucoup de réflexions qu'offre "Nous Sommes Légion, Nous Sommes Bob" à travers ses histoires, son univers, sous le vernis d'un humour et d'une nonchalance croustillante. Simple dans sa forme mais pourtant profonde dans son fond, l'oeuvre de Dennis E. Taylor a été un plaisir à lire mais je dois bien avouer être déçu de la trilogie, non pas pour l'oeuvre en elle même mais bien parce qu'elle se conclut et qu'il est peu probable que le récit se poursuive. Mon avis final sur l'oeuvre est positif, j'avoue en avoir fait la propagande à ma femme qui devrait sous peu entamer sa lecture ; de même, je vous pousse à vous y intéresser si vous aimez la science-fiction, l'humour, la philosophie, l'exploration spatiale et la colonisation. Sans oublier l'aspect dystopique, clairement présent, la trilogie reste optimiste et nous propose un avenir certes compliqué, sombre, voire apocalyptique mais ayant quand même toutes les graines, les opportunités et la volonté de s’élever vers un futur plus radieux. L’écriture est assez légère, ne sombre pas dans du descriptif à outrance mais n’est pas non plus tournée vers une suite infinie de dialogue entre les différents personnages ; l’équilibre est mis en place pour nous offrir une expérience littéraire plus qu’appréciable. De plus, mon côté anti-dogmatique avoue prendre un plaisir certain à l’envoi de boules de métal de 500 kilos à vitesse extrême depuis l’orbite sur des tyrans, des meurtriers ou des religieux extrémistes (ou les trois en même temps) ; mais bon ça c’est le point bonus. Toujours est-il, ami lecteur que je te le recommande vivement comme ton livre au coin de l'écran !
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FAITH, après l'épisode Bob. |
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