jeudi 5 novembre 2015

[Critique] Les Monades Urbaines - Robert Silverberg

Bonjour à toi, lecteur. Cet article fait suite à Halloween, le jour des morts, tout ça, même si, en effet, il sort quelques temps après le-dit jour. Mais globalement, osef hein ? Je vais donc vous parler d'un livre qui traite de quelque chose de terrifiant. Oui, les monades urbaines, ça fait peur. Quoi, comment ça, toi tu n'as pas peur ? Oui bon écoute, hein, moi ça me fait peur. Tu vois, lecteur, je souffrais par le passé d'agoraphobie, au point de n'avoir plus eu la possibilité durant un temps de sortir de chez moi. Alors bon, une tour immense de laquelle tu ne sors jamais, vivant collé à 800.000 humains... Ça le fait moyen moyen. 

Alors avant d'entamer le vif du sujet, je dois te parler de l'auteur, ce bon vieux Silverberg. Robert a le même trait de personnalité q'Asimov, tu sais bien, celui qui fait, qu'avec juste SES œuvres, tu as de quoi remplir une pièce entièrement. Et il fait pas mal de Science Fiction aussi. Donc, bien sûr, un auteur que j'aime. Il excelle, dans les livres que j'ai pu lire de lui, dans la torture de ses personnages et ce afin de dénoncer certaines problématiques de notre société. Du moins, c'est ainsi que moi je perçois son travail. Et fatalement, il produit des livres comme les Monades Urbaines qui, juste, ne peuvent pas te laisser indifférent. Ici, Silverberg nous présente une société très particulière, car post-apocalyptique. En effet, notre siècle a débouché sur une destruction pure et simple de l'humanité telle qu'on la connait. Pourquoi, me direz-vous ? Simplement la sur-population de la Terre qui conduit l'humanité à, plus ou moins, s'auto-detruire... Sauf qu'ils ont évolué. Au début du récit, coupé en différentes histoires de vie afin d’appréhender la monade dans son ensemble, on rencontre un habitant d'une des cités de Venus, colonisée par les hommes. La cité en question s'appelle Enfer au passage, ça s'annonce bien, hein ? Bref, on comprend que les habitants de Venus vivent plus ou moins comme nous ; j’entends par là dans de villes, avec des vêtements cachant bien tout, avec des maisons individuelles, et ainsi de suite. Et on comprend, dès la première page, que sur Terre, c'est plus vraiment comme ça. 

Déjà, moi qui suis athée, mais d'origine chrétienne (bien que ma famille ne soit pas pratiquante et pas vraiment poussé sur la religion), il y a un truc qui m'a trifouillé le ventre direct : l’infidélité. Mais pas genre un personnage qui couche avec une autre personne que son/sa compagne. Non, ça c'est rien. Ici, c'est simple, les femmes doivent accepter les avances de n'importe quel homme. Il y a d'ailleurs les "Promenades Nocturnes", tous les soirs, où les hommes baladent dans les étages de la tour, rentre dans un appartement, réveillent la femme et tirent un coup.Voila voila. C'est cool. Tu dors, tranquille, puis tu te réveilles avec un inconnu qui tire ta femme, ou si tu es une femme par ce même inconnu qui te prends comme ça, tranquillement. Bien entendu, d'ailleurs, les hommes travaillent et une bonne partie des femmes s'occupent des enfants, prennent soin d'elles, font a manger, et cetera. Et oui, en 2381, nous serons toujours une société patriarcale, où la femme est une esclave, doublée d'un jouet sexuel. Le personnage venant de Venus qui le vit d'ailleurs plutôt mal. Vous vous souvenez, le coup des vêtements qui couvrent un peu tout, comme à notre époque ? Et bien dans une Monade, non, les habits sont des plus légers, car ils sont fait pour montrer le corps (généralement féminin). 

Au fait, tu dois te demander pourquoi des tours et cie, non ? Et bien c'est simple, la Terre des années 2300 compte 75 milliards d’êtres humains. Je te fais confiance, lecteur, pour réfléchir un petit peu et pointer du doigt que, si ils sont autant, et que le monde s'est détruit juste après notre époque (donc dans les 7 milliards d’êtres humains), il y a un truc qui coince. Pour régler le truc qui coince justement, l'humanité vivant sur Terre a mis au point les Monades: des tours (et il y en a pas mal) qui contiennent dans les 800.000 humains. Comme ce sont des tours, le gain de place est énorme et il se trouve que la Terre est principalement occupée par... des champs. Du coup, niveau nourriture, c'est pas trop un problème, et comme niveau place ils s’élèvent plutôt que s’étaler, et bien ça passe. Mais évidemment, vivre dans un espace aussi reclus entraine des tensions. D’où le paragraphe précédant, qui est sensé supprimer les pulsions justement. Et bien, oui, femmes, vous n’êtes bonnes qu'à ça. Hein ? Une vision d’arriéré ? Chut. J'ai même pas entamé le meilleur : ils sont tous religieux. En soi, c'est pas un défaut bien que, personnellement, je trouve particulièrement con de croire en une divinité, mais on est pas là pour parler religion. Enfin pas en dehors du livre. 

Donc les terriens sont religieux. Oui, mais fanatiques ! Et si tu ne crois pas/applique pas les préceptes de la religion (qui consiste à dire que tu aimes Dieu, que tu dois faire un maximum d'enfant, que tu dois coucher avec tous le monde, que tu dois lécher le cul de chaque autres être humain et ... c'est à peu près tout) cela entraîne ta chute, au sens propre. Pour faire simple, la police arrête la personne (qui est appelé Anomo) et le jette depuis le haut de la tour. Simple. Rapide. Efficace. Par contre, il n'y a pas de racisme fixé sur la couleur de peau : au rythme auquel ils se reproduisent, et vu qu'ils baisent plus ou moins n'importe qui, on obtient un mélange de tout. Donc niveau couleur de peau, ça va, il n'y a pas trop de différence. 

Bien entendu, je te fais confiance pour avoir noté que je parlais de racisme sur la couleur de peau. Et bien oui, Silverberg dénonce, donc pas mal de trucs passent sous sa plume. Et le racisme a une place d'honneur ! Les Monades sont divisées en cité (regroupant un certains nombre d’étages) qui sont chacune spécialisée : exemple Louisville est la cité de ceux qui dirige. Rome, celle de l'administration, etc ... Et bien sur, il ne faut PAS coucher entre personnes de différentes cités. Hein ? Quoi, qu'est-ce qui va pas ? Ça peut faire des conflits ? Mais non, les dirigeants ont prévu le coup, et font passer un minimum de personne vers les cités supérieurs de temps en temps, histoire de mettre en place une carotte, puis ils laissent des travaux inutiles exister juste pour contrôler les masses (alors qu'ils ont les moyens techniques de faire disparaitre le travail dans la tour avec des robots). La base quoi. 

Bref, l'idée c'est qu'en apparence c'est une belle société, avec l'aide de la technologie, constitué de belles personnes, heureuses. Ça, ils vont te le sortir toutes les deux pages ! "Nous sommes heureux, nous sommes heureux, nous sommes heureux". Et putain de merde, non ils sont pas heureux, ils refoulent comme des porcs, et sont tous plus ou moins légumisés. Ah, je vous ai pas parlé de ça encore ? Quand quelqu'un commence à ne plus pouvoir rentrer dans le moule de la société, mais que c'est pas encore trop violent, c'est direct la balade vers les Ingénieurs Moraux. Des laveurs de cerveaux quoi. Tu la vois la belle société utopique ? 

Ce livre, comme pas mal de ceux de Silverberg, ne peuvent pas te laisser indifférent. Ou alors, tu as un problème. Enfin, s'entend par là que tu es trop détaché de ce que tu lis, ce qui est fort dommage, ou alors que tu es un religieux fanatique, extrémiste et nymphomane. Et non, ce n'est pas un bon combo.  Toujours est-il que je te conseilles de lire ce livre, et les livres de cet auteur en général. Son style d’écriture est un peu spécial, mais c'est un partie pris et, une fois plongé dans le récit, ça passe. Les univers qu'il décrit sont toujours complets, même si parfois un peu simpliste à mon gout (à noter que c'est encore un parti pris de l'auteur). Si ce que je t'en ai dit t'as fais un minimum réagir, le livre est bien plus puissant et intéressant à lire ! Si cela ne t'as pas fais réagir, va lire le livre pour qu'il te fasse réagir. Au passage, sache que je n'ai pas parlé des fermiers (les terriens ne vivant pas dans les tours) qui vivent et se comporte comme des barbares arriérés ; ni de ce que vont te montrer chaque personnage qu'on suivra dans le livre (on suit des habitants des différents niveaux de la tour) nous montrant que dans le fond l'utopie ne fonctionne pas, et pour personne. Joyeux Halloween à vous et n'oubliez pas, l'important c'est bien d'avoir un livre au coin de l’écran !

Rédigé par Mortak.

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