mercredi 18 novembre 2015

[Critique] La Trilogie Du Vide - Peter F. Hamilton

Bien le bonjour, cher lecteur. Oui, cela fait une bonne semaine que je n'ai pas publié d'article : honte à moi. Pour ma défense, j’étais en partie centré sur mon dossier de psychologie clinique, une activité hautement passionnante. Ou pas. Et non, je ne l'ai pas encore finis. Une bien piètre excuse donc, en somme. Mais sois heureux, voilà un nouvel article ! Et nous parlons aujourd'hui de science fiction. Comme tu le sais si bien maintenant, j'ai un amour particulier envers cette littérature et nous pouvons le dire, j'ai également des auteurs fétiches. 


Lors d'un précédant article, je vous avais prévenu qu'il y avait une suite à la saga critiquée ; nous y voilà : "La Trilogie Du Vide" de Peter F. Hamilton, faisant suite à son cycle de "L’Étoile De Pandore" (je sais bien, lecteur, qu'avec l'arrivée de Décembre et de Star Wars tu as pensé à l’étoile noire/de la mort, mais non.) mais ne traitant absolument plus de la même chose. Attention à toi, mon cher ami lecteur, tu pénètres ici dans les territoires maudits, le Pays du Spoil. En effet, je suis obligé, pour traiter de ce cycle, de spoiler comme un porc le premier cycle. Et tu connais mon penchant naturel au spoil, hein ? 

Donc les événements de cette nouvelle saga se déroulent bien 1.200 ans après les derniers évoqués dans "L’Étoile De Pandore" ; les Primiens, extraterrestres se comportant comme des machines sans cœur ayant été purement et simplement traqués et annihilés suite à la nouvelle fermeture de la sphère de Dyson Alpha. Quoi ? Je n'avais pas trop parlé de ça dans l'autre article ? Bon, un court résumé (si, je vous assure, un court résumé.) : les Humains découvrent les trous de ver pour voyager et coloniser l'espace. Ils se rendent compte que deux lointaines étoiles disparaissent en l'espace d'une seconde (dans le passé, puisque les étoiles sont vraiment lointaines), ce qui est impossible. Ils vont donc enquêter et se rendre compte, une fois sur place, qu'il y a deux immenses sphères entourant les deux étoiles ; comme ils sont cons et qu'ils découvrent un endroit sur la sphère de Dyson Alpha (une des deux étoiles) une sorte de trappe de maintenance, ils vont voir dedans pour bidouiller et pan, dans tes dents la boite de Pandore. La sphère disparait révélant un système stellaire ravagé. Par quoi ? Par la pollution et l’épuisement extrême de ses ressources naturelles dus à ses occupants. En gros, tu couples le pire scénario des écologistes avec une race extraterrestre se comportant comme une machine sans cœur et tu obtiens les Primiens. Une race qui n'est qu'une seule entité (dans de multiple corps). S'ensuit une guerre entre humains et primiens, l'humanité voulant survivre et l'entité extraterrestre consommer l'univers dans son extension infinie. Au cours du récit on apprend que c’était une autre espèce qui a confiné les primiens, par mesure de sécurité. Dyson Alpha est la planète mère, mais Dyson Beta (la seconde étoile) est colonisée elle aussi par des primiens, mais qui évoluent bien différemment (et de manière plus violente aussi) ; hors les deux étoiles sont en guerre et il se trouve qu'un clampin de Dyson Beta s'est frayé un chemin jusqu’à l'humanité depuis un long moment en fait ; on l'appelle l'Arpenteur des Étoiles.


Bref, la première saga finie avec Dyson Alpha à nouveau confiné dans sa sphère et l'Arpenteur se met à un régime à base de plomb grâce à différents protagonistes, ce qui met en danger sa survie à long terme. D'ailleurs, il en meurt. L'humanité à donc de nouveau champ libre pour évoluer à son rythme, ce qu'elle fait dans les 1.200 ans qui séparent les deux sagas : on retrouve une humanité bien différente, en partie virtuelle (les individus des mondes les plus avancés ayant découvert la nanotechnologie, puis finalement ayant sauté le pas jusqu'à abandonner leurs corps naturels quand ils se font trop vieux) et la seconde... c'est plus compliqué. On a les mecs avec des nanites, les mecs sans nanites, les mecs refusant les nanites et faisant la guerre aux premiers sans oublier les mecs sans nanites et ultra-religieux. Mais le sujet de la saga n'est pas vraiment la guerre, bien qu'il va y avoir des conflits. Après tout, c'est un space opéra, non ? L'important de cette saga va se centrer sur les Rêveurs, un certain nombre d'individus humains ayant accès dans leur sommeil à une autre dimension. S'entend, ils n'y vont pas : ils voient ce qui s'y passe. Grâce aux avancés technologiques, les rêves sont enregistrés et ceux-ci sont diffusés. Ceux donnant sur une autre dimension (il y en a peu, un seul homme en faisait au début du récit) ont pris une certaine importance et on  servis à développer une religion. La faction dont je parlais quelques lignes au-dessus quoi. Mais bien sûr, il y a une anguille sous roche. En effet la dimension en question se trouve dans un lieu appelé le Vide, se trouvant au centre de notre galaxie et avalant peu à peu notre univers. J'en profite pour vous poster une image pour le cas où un jour on en fait un film ou une série, au vu du nombre impressionnant de décès des personnages :


Les problèmes vont survenir avec la disparition du Premier Rêveur, qui aura un dernier rêve (qu'il ne va pas partager) et va se casser au fin fond de l'univers. Des ecclésiastiques prennent les commandes, mettent en place un début d'empire religieux tout en tentant de trouver le Second Rêveur qui a commencé à émettre les siens ; évidemment ça fait monter les tensions. Puis, histoire de bien finir le truc, ils commencent à préparer le Pèlerinage, qui va emmener une quantité énorme de personnes dans le Vide. La moitié de l'univers les trouvent très cons de courir au suicide (le Vide étant quand même un trou noir géant... Il y a plus intelligent que de foncer droit dedans.) et l'autre moitié flippe et veux les exterminer car ils soupçonnent le Vide d’être une machine géante se nourrissant de l'univers pour fonctionner. L'ajout de nouveaux organismes dans la machine faisant augmenter les besoins en masse et énergie de celle-ci, elle devrait entrer dans une phase d’expansion faisant bien mal notre petite voie lactée. Et sur fond de tout ça, on a une course à la prochaine phase d’évolution de l'humanité menée par les mecs virtuels (qui sont constitués de plein de faction, donc c'est la merde). Tu comprendras, lecteur, qu'on peut juste conclure ainsi:


Bon, je te fais confiance, mon cher lecteur, pour te dire que quand même, ils sont cons pour fonder une religion sur des rêves. En effet, je ne t'ai pas encore dit ce que montrait exactement ceux-ci : la dimension dans le Vide a quelques menues différences avec notre réalité. Déjà, pas de technologie avancées. Tout fonctionne à l'huile de coude et à la puissance mentale. Oui, c'est un peu comme un trip amish. A noter tout de même qu'ici, quand je dis puissance mentale, c'est réellement ça. En effet les Rêves vont suivre la vie d'un homme particulier dans cet univers, qui va découvrir comment modeler à sa convenance sa dimension : il va ainsi modifier son environnement et même, au bout d'un moment, remonter le temps. De quoi faire rêver, non ? Oui, lecteur, je sais, cette blague devrait être interdite. Mais c'est moi qui écris, donc je me permets de la faire ! 


Bref, on va peut être finir par en conclure par mon avis sur l'histoire, non ? Et bien, niveau écriture, c'est du Hamilton, donc il n'y a strictement rien à y redire. Le maître est au rendez vous, comme toujours. Au niveau de l'histoire en elle-même, il n'y a pas de problème à la lire sans avoir lu la seconde, mais la lecture de la première saga permet de comprendre beaucoup de clins d’œil disséminés dans le récit, ce que je trouve très appréciable. L'univers est comme toujours très bien présenté, de manière très intelligente et progressive, ne vous donnant pas l'impression de lire une encyclopédie. Il y a quelques paradoxes, notamment du à l’écoulement différent du temps dans le Vide, mais si on y réfléchit un tantinet ils trouvent toujours une explication. C'est là la force et la faiblesse de Hamilton : vous n'avez pas de passage qui vous pointent une information directement, de manière bien visible, mais elles sont disséminées au cours du récit vous permettant une bonne immersion dans le récit mais laissant parfois des fois des incohérences en surface ; c'est alors à vous de faire un travail de réflexion pour recouper les données fournies par l'auteur. Comme toujours Hamilton nous fournit un avenir possible vraiment des plus intéressant et je ne peux que vous conseiller de le lire. L'important, après tout, c'est d'avoir un livre au coin de l’écran ! 

Rédigé par Mortak.

PS: Coucou, lecteur. J’espère que tu l'as remarqué, j'ai mis des images. N’hésite pas à me dire si tu préfères mes articles avec ou sans !

jeudi 5 novembre 2015

[Critique] Les Monades Urbaines - Robert Silverberg

Bonjour à toi, lecteur. Cet article fait suite à Halloween, le jour des morts, tout ça, même si, en effet, il sort quelques temps après le-dit jour. Mais globalement, osef hein ? Je vais donc vous parler d'un livre qui traite de quelque chose de terrifiant. Oui, les monades urbaines, ça fait peur. Quoi, comment ça, toi tu n'as pas peur ? Oui bon écoute, hein, moi ça me fait peur. Tu vois, lecteur, je souffrais par le passé d'agoraphobie, au point de n'avoir plus eu la possibilité durant un temps de sortir de chez moi. Alors bon, une tour immense de laquelle tu ne sors jamais, vivant collé à 800.000 humains... Ça le fait moyen moyen. 

Alors avant d'entamer le vif du sujet, je dois te parler de l'auteur, ce bon vieux Silverberg. Robert a le même trait de personnalité q'Asimov, tu sais bien, celui qui fait, qu'avec juste SES œuvres, tu as de quoi remplir une pièce entièrement. Et il fait pas mal de Science Fiction aussi. Donc, bien sûr, un auteur que j'aime. Il excelle, dans les livres que j'ai pu lire de lui, dans la torture de ses personnages et ce afin de dénoncer certaines problématiques de notre société. Du moins, c'est ainsi que moi je perçois son travail. Et fatalement, il produit des livres comme les Monades Urbaines qui, juste, ne peuvent pas te laisser indifférent. Ici, Silverberg nous présente une société très particulière, car post-apocalyptique. En effet, notre siècle a débouché sur une destruction pure et simple de l'humanité telle qu'on la connait. Pourquoi, me direz-vous ? Simplement la sur-population de la Terre qui conduit l'humanité à, plus ou moins, s'auto-detruire... Sauf qu'ils ont évolué. Au début du récit, coupé en différentes histoires de vie afin d’appréhender la monade dans son ensemble, on rencontre un habitant d'une des cités de Venus, colonisée par les hommes. La cité en question s'appelle Enfer au passage, ça s'annonce bien, hein ? Bref, on comprend que les habitants de Venus vivent plus ou moins comme nous ; j’entends par là dans de villes, avec des vêtements cachant bien tout, avec des maisons individuelles, et ainsi de suite. Et on comprend, dès la première page, que sur Terre, c'est plus vraiment comme ça. 

Déjà, moi qui suis athée, mais d'origine chrétienne (bien que ma famille ne soit pas pratiquante et pas vraiment poussé sur la religion), il y a un truc qui m'a trifouillé le ventre direct : l’infidélité. Mais pas genre un personnage qui couche avec une autre personne que son/sa compagne. Non, ça c'est rien. Ici, c'est simple, les femmes doivent accepter les avances de n'importe quel homme. Il y a d'ailleurs les "Promenades Nocturnes", tous les soirs, où les hommes baladent dans les étages de la tour, rentre dans un appartement, réveillent la femme et tirent un coup.Voila voila. C'est cool. Tu dors, tranquille, puis tu te réveilles avec un inconnu qui tire ta femme, ou si tu es une femme par ce même inconnu qui te prends comme ça, tranquillement. Bien entendu, d'ailleurs, les hommes travaillent et une bonne partie des femmes s'occupent des enfants, prennent soin d'elles, font a manger, et cetera. Et oui, en 2381, nous serons toujours une société patriarcale, où la femme est une esclave, doublée d'un jouet sexuel. Le personnage venant de Venus qui le vit d'ailleurs plutôt mal. Vous vous souvenez, le coup des vêtements qui couvrent un peu tout, comme à notre époque ? Et bien dans une Monade, non, les habits sont des plus légers, car ils sont fait pour montrer le corps (généralement féminin). 

Au fait, tu dois te demander pourquoi des tours et cie, non ? Et bien c'est simple, la Terre des années 2300 compte 75 milliards d’êtres humains. Je te fais confiance, lecteur, pour réfléchir un petit peu et pointer du doigt que, si ils sont autant, et que le monde s'est détruit juste après notre époque (donc dans les 7 milliards d’êtres humains), il y a un truc qui coince. Pour régler le truc qui coince justement, l'humanité vivant sur Terre a mis au point les Monades: des tours (et il y en a pas mal) qui contiennent dans les 800.000 humains. Comme ce sont des tours, le gain de place est énorme et il se trouve que la Terre est principalement occupée par... des champs. Du coup, niveau nourriture, c'est pas trop un problème, et comme niveau place ils s’élèvent plutôt que s’étaler, et bien ça passe. Mais évidemment, vivre dans un espace aussi reclus entraine des tensions. D’où le paragraphe précédant, qui est sensé supprimer les pulsions justement. Et bien, oui, femmes, vous n’êtes bonnes qu'à ça. Hein ? Une vision d’arriéré ? Chut. J'ai même pas entamé le meilleur : ils sont tous religieux. En soi, c'est pas un défaut bien que, personnellement, je trouve particulièrement con de croire en une divinité, mais on est pas là pour parler religion. Enfin pas en dehors du livre. 

Donc les terriens sont religieux. Oui, mais fanatiques ! Et si tu ne crois pas/applique pas les préceptes de la religion (qui consiste à dire que tu aimes Dieu, que tu dois faire un maximum d'enfant, que tu dois coucher avec tous le monde, que tu dois lécher le cul de chaque autres être humain et ... c'est à peu près tout) cela entraîne ta chute, au sens propre. Pour faire simple, la police arrête la personne (qui est appelé Anomo) et le jette depuis le haut de la tour. Simple. Rapide. Efficace. Par contre, il n'y a pas de racisme fixé sur la couleur de peau : au rythme auquel ils se reproduisent, et vu qu'ils baisent plus ou moins n'importe qui, on obtient un mélange de tout. Donc niveau couleur de peau, ça va, il n'y a pas trop de différence. 

Bien entendu, je te fais confiance pour avoir noté que je parlais de racisme sur la couleur de peau. Et bien oui, Silverberg dénonce, donc pas mal de trucs passent sous sa plume. Et le racisme a une place d'honneur ! Les Monades sont divisées en cité (regroupant un certains nombre d’étages) qui sont chacune spécialisée : exemple Louisville est la cité de ceux qui dirige. Rome, celle de l'administration, etc ... Et bien sur, il ne faut PAS coucher entre personnes de différentes cités. Hein ? Quoi, qu'est-ce qui va pas ? Ça peut faire des conflits ? Mais non, les dirigeants ont prévu le coup, et font passer un minimum de personne vers les cités supérieurs de temps en temps, histoire de mettre en place une carotte, puis ils laissent des travaux inutiles exister juste pour contrôler les masses (alors qu'ils ont les moyens techniques de faire disparaitre le travail dans la tour avec des robots). La base quoi. 

Bref, l'idée c'est qu'en apparence c'est une belle société, avec l'aide de la technologie, constitué de belles personnes, heureuses. Ça, ils vont te le sortir toutes les deux pages ! "Nous sommes heureux, nous sommes heureux, nous sommes heureux". Et putain de merde, non ils sont pas heureux, ils refoulent comme des porcs, et sont tous plus ou moins légumisés. Ah, je vous ai pas parlé de ça encore ? Quand quelqu'un commence à ne plus pouvoir rentrer dans le moule de la société, mais que c'est pas encore trop violent, c'est direct la balade vers les Ingénieurs Moraux. Des laveurs de cerveaux quoi. Tu la vois la belle société utopique ? 

Ce livre, comme pas mal de ceux de Silverberg, ne peuvent pas te laisser indifférent. Ou alors, tu as un problème. Enfin, s'entend par là que tu es trop détaché de ce que tu lis, ce qui est fort dommage, ou alors que tu es un religieux fanatique, extrémiste et nymphomane. Et non, ce n'est pas un bon combo.  Toujours est-il que je te conseilles de lire ce livre, et les livres de cet auteur en général. Son style d’écriture est un peu spécial, mais c'est un partie pris et, une fois plongé dans le récit, ça passe. Les univers qu'il décrit sont toujours complets, même si parfois un peu simpliste à mon gout (à noter que c'est encore un parti pris de l'auteur). Si ce que je t'en ai dit t'as fais un minimum réagir, le livre est bien plus puissant et intéressant à lire ! Si cela ne t'as pas fais réagir, va lire le livre pour qu'il te fasse réagir. Au passage, sache que je n'ai pas parlé des fermiers (les terriens ne vivant pas dans les tours) qui vivent et se comporte comme des barbares arriérés ; ni de ce que vont te montrer chaque personnage qu'on suivra dans le livre (on suit des habitants des différents niveaux de la tour) nous montrant que dans le fond l'utopie ne fonctionne pas, et pour personne. Joyeux Halloween à vous et n'oubliez pas, l'important c'est bien d'avoir un livre au coin de l’écran !

Rédigé par Mortak.

dimanche 1 novembre 2015

[Du Livre à l'Ecran] Le Chateau de Hurle - Diana Wynne Jones / Le Chateau Ambulant - Hayao Miyazaki

Aujourd'hui on va parler un peu d'une autre de mes passions (parce que oui, je n'aime pas que les livres. J'aime aussi Asimov bien sur, mais j'aime plus de deux choses, pour de vrai ! ), j'ai nommé : les films d'animations.

J'ai toujours énormément adoré les films d'animations; pas tous bien entendu, il faut savoir faire le tri, c'est comme avec les livres. Mais par exemple (et ça tombe bien vu qu'on va parler de lui après) Hayao Miyazaki a fait des œuvres purement et simplement sublimes. Pour ceux qui ne le connaissent pas (oui, lecteur, il y en a encore) c'est le co-fondateur du studio Ghibli, le plus grand studio d'animation japonaise ; notre équivalent le plus proche serait probablement un Walt Disney. Et si tu ne connais pas non plus cet homme, et bien tu n'es pas dans la capacité de lire ce blog en fait; tu ne peux que vivre au fin fond d'une grotte. Je vois pas d'autres explications. 

Bref, le studio Ghibli a produit certain de mes personnages préférés, comme Totoro. Parce que oui, j'adore cette grosse boule de poil. Ma compagne, la plus belle femme sur terre et la plus intelligente, m'a d'ailleurs offert une statuette de Totoro, qui trône fièrement en dessous d'un de mes écrans d'ordinateurs, contre une dague provenant de Tolède et généralement une tasse de café en forme de casque de Stormtrooper (qui, selon certain, à la taille d'un pot à cookie). 

Toujours est-il que le studio Ghibli et plus spécialement Hayao Miyazaki n'a pas toujours créé des films d'animation à partir de rien ; tout comme un certain nombre d'autres auteurs/artistes. Certains le reconnaissent, comme Miyazaki, et d'autres non... (et là je pense particulièrement à Luc Besson par exemple, qui vient de se faire taper sur les doigts par les juges français pour une affaire de plagiat). En l'occurrence, aujourd'hui nous allons parler du Château Ambulant, inspiré par l’œuvre littéraire de Diana Wynne Jones : Le Château de Hurle. 

Alors oui, je te vois qui me dit "mais qu'est-ce qui fait la différence entre inspiration et plagiat ?". Et bien déjà, l'inspiration tu la caches pas ; comme Miyazaki tu dis clairement que tu t'es servie de tel ou tel matériel de base. Et si tu ne le fais pas, et que tu te fais prendre, et bien c'est du plagiat. Bref. On est pas là pour ça, bien j'aime bien taper sur Luc Besson, qui est injustement aimé à mon sens ; non, nous sommes là pour parler de Miyazaki et Diana Wynne Jones.

Il faut savoir que le Château Ambulant est une adaptation libre du Château de Hurle ; ainsi, un certain nombre de différences plus que notables apparaissent entre les deux récits. Une des premières : il y a une suite au livre (deux pour être précis) et ce n'est clairement pas le cas pour le film d'animation. En soi, ce n'est absolument pas un problème puisque le film (comme le livre d'ailleurs) ne finit pas avec une question (non l'histoire est, dans les deux, assez clairement finie). Par contre l'auteur Diana Wynne Jones a continué à faire vivre son univers, l'a développé un peu plus, nous faisant voir d'autres pays, etc... Ensuite, dans le contenu même... il y a une guerre entre pays dans le film d'animation (la guerre et l’aviation sont des thèmes récurrents chez Miyazaki), donnant un contexte bien particulier à l'histoire (la disparition d'un prince ayant joué dans la guerre, la participation au magicien du château dans les batailles, etc...) et une atmosphère de danger se met en place avec les scènes de bombardements de la ville natale de Sophie, l’héroïne, ou encore la scène du retour en piteux état de la flotte de guerre juste avant l'arrivée des ennemis. Et dans le livre : il n'y a juste pas de guerre, en fait. Le prince disparut ? Non plus. Globalement, les autres pays, on s'en tape un peu. L'auteur trouve un tout autre moyen pour nous accrocher aux personnages, et réveiller des sentiments en nous.

Ensuite, si Sophie reçoit bien un sort par la Sorcière du Désert aka la Sorcière des Landes (qui est une grosse pute, soyons d'accord), lorsque la jeune fille fuit et arrive au château, et bien... Calcifer fait directement un marché avec Sophie, genre au bout de trois échanges de paroles. En résumé ça donne : "Tu veux pas qu'on mange ton cœur ? Tu es victime de sortilège. C'est puissant, mais je pourrais le défaire avec de temps et des efforts. Il faut pour ça qu'en échange tu me rends un grand service, non ? Un service pour un service. On conclu un pacte ? " Les mots ne sont pas les mêmes que dans le texte, mais c'est globalement ça. D'ailleurs pendant que j'y pense : le château ambulant, ses fortes murailles, et tout le bataclan, c'est juste pour tenter de repousser la Sorcière du Désert. Et bien oui, dans le livre Hurle (le magicien Hauru dans l'animé) est une grosse flipette qui trouve l'idée du siècle : gros château = grosse paire de c... Oui, Hauru a juste quelque chose à compenser dans le livre. Voila voila. Tout le long du livre vous allez le voir chanter, tomber amoureux d'une femmes, déprimer parce qu'il s'en ait lassé et rien branler. A noter que, contrairement à la version de Miyazaki, le personnage aura tout de même plus de profondeur et on le verra ainsi voyager dans un pays très lointain (qui me fait penser instinctivement à l'Angleterre, je sais pas trop pourquoi) où il rendra visite à sa famille. Et oui, Hurle a une famille, il a même une sœur qui a plusieurs enfants et qu'il adore particulièrement (les enfants, pas la sœur qui a tendance à geindre et du coup à le saouler un peu). D'ailleurs en parlant de Hurle, la porte qui donne sur un champs de fleur et qui est plus ou moins présenté au spectateur comme le passé de Hauru, qu'il recréé quand le château est déplacé... et bien en fait dans le livre c'est une création récente de Suliman pour contrer l'avancée du désert et donc de la sorcière qui y réside. Et en parlant de Suliman, on va y revenir dans le prochain paragraphe.

Au niveau de la famille de Sophie, il faut souligner qu'une des deux sœurs va partir pour devenir... sorcière. Parce que voila. D'ailleurs la sœur que vous voyez dans l'animé, travaillant chez un pâtissier, est en fait celle envoyée apprendre la magie. Mais les deux sœurs n’appréciant aucunement leurs positions respectives échangent de place grâce à un sort découvert par la première sœur. Oui, dit comme ça c'est un peu le bordel. Mais bon d'un coté, c'est l'avantage du livre : tu peux tout y dire, prendre ton temps ; un film, lui, est toujours limité en temps. Tiens, au passage, Madame Suliman dans l'animé est dans le livre l’enchanteur Suliman. Un homme. Qui d'ailleurs, attention voici l'instant spoil, finit avec Lettie à la fin du livre (la sœur de Sophie). Le Prince Justin existe bien, il est juste le frère du Roi et c'est tout. Il n'y a pas vraiment de guerre, donc bon... Il est juste un posé là. Et la Sorcière du Désert ? Vous croyez qu'elle finit juste comme une vieille ? C'est évident que NON ! La Sorcière est complétement bouffé par son Démon, qui lui accorde, certes, de grands pouvoirs mais qui , également, lui bouffe son âme. C'est compliqué après de rester intègre sans son âme. Et d'ailleurs elle cherche Hurle juste pour lui piquer son cœur, littéralement. Et à la fin du livre, le magicien va juste écraser le cœur de la sorcière, enfin ce qui en reste, l’effaçant littéralement de la réalité. Voila voila. Autant pour le coté mignon de l'animé hein ?

Bon du coup je te vois plein de question, cher ami lecteur. Que faire ? Que voir ? Dois-tu manger cette part de gâteau ? Ou retourner regarder la télé (qui a le mérite de mettre en pause toute forme sophon évolué) ? Qu'est-ce qu'un sophon ? Qui se cache derrière les lunettes du Blond ? Je me contenterais de te répondre que l'animé est excellent, qu'il te montre un univers steampunk tout à fait sympathique, en y mêlant un peu de magie sans oublier la tension dûe à la guerre. Si tu ne l'as pas vu, n’hésite pas à aller le voir ! Pour le livre, l'univers présenté est bien plus varié et profond, tout comme les personnages. L'auteur a pu se permettre de prendre plus de temps pour tout mettre en place, et on y voit quand même un aspect moins "mignon", notamment avec la mort de la Sorcière. Bien sûr il reste un aspect conte, un peu niais (notamment avec Sophie qui finit, bien entendu, dans les bras de Hurle) avec un Happy End digne d'un film américain. En bref, procure toi les deux ; pour moi les deux furent une expérience appréciable. Et bien sur, il faut toujours garder en tête que l'important, c'est d'avoir un livre au coin de l’écran !

Rédigé par Mortak.